Pour les associations de victimes du génocide des Tutsi de 1994, la nouvelle a sonné comme un couperet : déclaré inapte à être jugé en première instance puis en appel, Félicien Kabuga a vu la procédure lancée à son encontre suspendue de manière « indéfinie ». Il était inculpé depuis 1997 de sept chefs d’accusation, dont génocide, complicité de génocide, et incitation directe et publique à commettre le génocide.
Une déception, certes, mais pas une surprise : depuis son arrestation en mai 2020, l’espoir de le voir jugé par un tribunal s’était considérablement amenuisé au fil du temps. « Cette décision, on ne pouvait que la craindre », avoue Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) – une organisation qui traque depuis 2001 les personnes réfugiées en France soupçonnées d’implication dans le génocide. Si l’association ne devait pas prendre part au procès de Félicien Kabuga, le ressentiment n’en est pas moindre. « Le retard pris à retrouver Kabuga était déjà désespérant pour les victimes. Pour ce qui est de sa libération, ça coûtera moins cher à la communauté internationale. »