Il a fait le pari de promouvoir la démocratie en Afrique, en dépit des écueils et de l’enchevêtrement de crises que connaît le continent. Un mois après les premières rencontres annuelles de la Fondation de l’innovation pour la démocratie qui se sont tenues du 9 au 11 juillet à Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, Achille Mbembe est à Gorée, au Sénégal, pour une semaine de travail en compagnie d’une cinquantaine de chercheurs, d’enseignants et d’activistes.
Figure majeure de la vie intellectuelle africaine, l’auteur, entre autres, de La Communauté terrestre et de Brutalisme (La Découverte), entend miser sur l’intelligence collective des Africains, la cultiver et la nourrir, afin de construire ou de réinventer la démocratie pas à pas, notamment en réhabilitant le désir d’histoire en lieu et place du désir de nouveaux maîtres. Une gageure, Mbembe en convient, dans des pays où, entre coups d’État, troisième mandat et élections truquées, les dysfonctionnements démocratiques sont légion ; dans un continent, aussi, où une partie de la jeunesse, déboussolée et sans avenir, a pour seul horizon la violence. À ceux qui s’interrogent sur l’efficacité et la pertinence d’une telle entreprise, le cofondateur des Ateliers de la pensée oppose sa patience et sa détermination. Il veut croire en cette forme originale de dialogue, qu’importe si en récolter les fruits requiert quelques décennies.
Une démocratie durable ne prendra pas racine à coups de bazookas
Jeune Afrique : Alors qu’elle était censée rencontrer la junte militaire à Niamey, une mission conjointe de la Cedeao, des Nations unies et de l’Union africaine s’est vu interdire l’accès au territoire. Faut-il intervenir militairement au Niger ?