Tour à tour poumon de l’opposition, instrument d’une ambition ou vecteur de propagande, le football n’est jamais très loin, en Afrique plus qu’ailleurs, de l’arène politique. Au Maroc, l’histoire du Raja Casablanca se confond avec celle de syndicats et d’organisations de la société civile. Celles-ci n’ont ainsi pas hésité, au gré des matchs et des saisons, à faire du stade une tribune politique, défendant la cause des opprimés ou le peuple palestinien.
Plus à l’est, à Tizi Ouzou, fief de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), les ultras du club phare de cette région algérienne n’ont eux aussi pas manqué de faire de leur équipe un porte-étendard de revendications parfois bien éloignées du sport. Anwa wigui ? Imazighen ! (« Qui sommes nous ? Des Imazighen ! »), scandent ainsi les supporteurs des Canaris, non sans s’attirer les regards méfiants, voire les foudres, du pouvoir d’Alger, qui a tenté de mettre le club au pas.
À Kinshasa, l’AS Vita Club fait lui aussi l’objet des convoitises des puissants, autant que son stade des Martyrs, une enceinte de 80 000 places parmi les plus grandes de la planète. Alors que le club a longtemps été très proche de Joseph Kabila, le célèbre Gabriel Amisi, son président, a même utilisé certains groupes de supporteurs pour infiltrer les manifestations de l’opposition.
De Yaoundé, où le Canon – naguère fondé par les colons français sur fond de rivalité avec l’Allemagne – s’est imposé comme l’un des clubs les plus populaires du pays, à Abidjan ou Conakry, où le Hafia FC a servi la propagande de Sekou Touré, le football africain n’a jamais pu s’affranchir totalement de la politique. Ballon rond et pouvoir continuent donc de se côtoyer pour le meilleur et pour le pire dans un étrange ballet que Jeune Afrique vous invite à découvrir.