Le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), basé à Paris, a sollicité les services de l’avocate américaine Elizabeth R. Myers, installée au Maroc, afin de mener des opérations de lobbying aux États-Unis.
Le contrat liant Mme Myers au mouvement séparatiste a été enregistré le 25 juin conformément à la loi dite FARA (Foreign Agents Registration Act) qui oblige les lobbyistes américains agissant pour le compte de parties étrangères (gouvernements, entités, ou personnes) et menant des activités politiques ou autres à s’enregistrer en tant qu’« agent étranger » auprès du département de la Justice.
Aux termes de ce contrat, Elizabeth R. Myers s’engage à organiser au profit du MAK des rencontres avec des sénateurs et des membres du Congrès américain, ainsi qu’avec leurs équipes. Elle doit également travailler à la promotion « de l’amitié entre les États-Unis et la Kabylie », aider à une meilleure compréhension de cette région et de ses habitants, et des « conséquences de la mainmise du pouvoir central algérien sur cette région et sur son peuple », ainsi que la préparation et la diffusion d’informations.
Active dans la défense du Maroc
Dans une lettre adressée à Ferhat Mehenni, le chef du MAK, Elizabeth R. Myers indique qu’elle facture ses services 500 dollars de l’heure, auxquels pourraient venir s’ajouter les autres frais liés à ses activités futures pour le compte de ce mouvement. Sur son profil LinkedIn, Elizabeth Myers se présente comme avocate, professeur de droit, experte en communication interculturelle, collaboratrice des médias et créatrice et animatrice du podcast The Tilila Report. Elle se présente également comme cofondatrice et vice-présidente exécutive de US Halal Consultants, un groupe de consultants aux États-Unis qui aide les entreprises à s’orienter sur le marché halal américain.
Toujours selon son profil, elle a également été associée dans des cabinets d’avocats américains, dont elle ne mentionne toutefois pas les noms. Elizabeth Myers est par ailleurs très active dans la défense des intérêts du Maroc et contribue à des publications marocaines en signant des articles sur l’actualité politique ou diplomatique du royaume.
Elizabeth Myers n’était cependant pas, jusqu’à présent, considérée comme une professionnelle du lobbying international : elle est inconnue du monde politique à Washington et ce contrat signé avec le MAK est le premier à avoir été enregistré auprès du département de la Justice. Auparavant, elle n’avait jamais fait état d’une quelconque activité de lobbying auprès de membres du Congrès.
Mehenni visé par un mandat d’arrêt international
Quant au MAK, il est classé depuis mai 2021 par les autorités algériennes comme « organisation terroriste », à l’instar du mouvement islamiste Rachad. Les militants de ce mouvement, qui a pris naissance en Kabylie en 2001 au lendemain des émeutes qui avaient fait 126 morts, encourent la réclusion à perpétuité en vertu d’un article du code pénal qui punit « tout Algérien qui s’active ou qui s’enrôle à l’étranger dans une association, groupe ou organisation terroriste ou subversif » dont les activités « nuisent aux intérêts de l’Algérie ».
Ferhat Mehenni, ancien chanteur et leader du mouvement séparatiste, bénéficie du statut de réfugié politique en France. Condamné à plusieurs reprises par des tribunaux algériens notamment pour terrorisme, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international délivré par un juge d’Alger.