C’est sur le centre Cadarache, dans le sud de la France, que le consortium mené par le français Schneider Electric a inauguré le 20 novembre sa centrale « test » solaire thermodynamique. À la différence des centrales solaires photovoltaïques basées sur l’utilisation de batteries, ce type de centrale utilise principalement de l’eau chauffée pour stocker l’énergie, transformée ensuite en électricité ou utilisée directement. Le Kenya accueillera l’année prochaine la première unité opérationnelle sur le continent, permettant de subvenir aux besoins énergétiques de villages (500 à 1000 habitants), incluant des bâtiments communautaires et des micro-industries, ou à des besoins spécifiques sur des sites isolés et non (ou mal) reliés au réseau : des zones touristiques, des tours télecoms, des agro-industries.
La micro-centrale a été conçue pour être robuste (durée de vie de 20 ans), simple de fonctionnement et facile à entretenir. Un champ solaire, pivotant en fonction du soleil, permet de chauffer de l’eau qui est ensuite stockée dans une cuve. Le dispositif peut ensuite, soit servir à produire de l’électricité, soit être utilisée directement, par exemple pour des systèmes de purification d’eau ou certains utilisations industrielles comme le séchage. Par rapport aux centrales photovoltaïques, « l’innovation principale tient à cette possibilité d’utiliser l’énergie directement », souligne un expert présent à l’inauguration. La solution est par ailleurs moins polluante que l’utilisation de fioul pour produire de l’électricité, une pratique répandue en Afrique.
Le prototype présenté à Cadarache peut ainsi générer 50 MWh/an d’électricité, 1000 m3 d’eau purifiée et environ 800 MWh/an d’énergie thermique. La micro-centrale coûtera quelques centaines milliers d’euros à l’installation. Un modèle économique reste à développer (avec la possibilité d’aides publiques) pour la couverture des frais d’exploitation.
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Accès à l’énergie
1,3 milliard d’habitants dans le monde n’ont pas d’accès à l’énergie, dont 500 millions en Afrique. « C’est pour cela que nous avons besoin de solutions intégrées ‘énergie et eau’ comme Microsol », a souligné Pradeep Monga, directeur énergie et changement climatique de l’Organisation pour le développement industriel des Nations unies (Onudi). « Les technologies utilisées par Microsol ne sont pas entièrement nouvelles, je les ai vues ailleurs. Ce qui est nouveau, c’est de les avoir ensemble. »
Microsol entend être développé dans un grand nombre de pays subsahariens mais aussi en Inde et dans certains pays d’Amérique du Sud. Le développement de ces micro-centrales, dont le coût unitaire est inférieur à 1 millions d’euros, serait financé par les États ou des bailleurs. Microsol entend également être soutenable à long terme, via une maintenance simple assurée par des locaux formés à cette occasion. « Dans l’accès à l’énergie, il y a un manque de prise en compte des contraintes culturelles et sociales », a commenté Charles Agueh, président d’EcoLabs.
« En milieu rural, il est important de pouvoir accompagner la création d’un écosystème d’entreprises locales renouvelables ». C’est l’objectif de Schneider Electric qui, sur le modèle des projets énergétiques BipBop qu’ils a développés en Afrique, souhaite aider les utilisateurs locaux à développer un écosystème énergétique local.