Les Nigérians ont célébré le 28 juin la fête musulmane de l’Aïd al-Adha avec des prières et des repas familiaux au moment où nombre d’entre eux se débattent au milieu d’une situation économique tendue en raison d’une inflation élevée, d’une forte dévaluation et des coûts de transports en hausse.
Depuis son investiture en mai, le nouveau président Bola Tinubu a pris des décisions en vue de renforcer les investissements, mettant fin à de coûteuses subventions sur les carburants et faisant flotter la devise nigériane, le naira, ce qui a augmenté brusquement le coût de la vie.
Dans son message à l’occasion de l’Aïd, le chef de l’État a reconnu les difficultés économiques du pays et ses problèmes sécuritaires, notamment face aux jihadistes : « Tandis que je reconnais tout cela, je veux vous assurer que cela n’est pas insurmontable. »
Des poulets pour l’Aïd
À Kano, la deuxième ville du Nigeria, au nord du pays, des marchés aux animaux se sont installés cette semaine en vue des festivités de l’Aïd. Usman Muhammad, un infirmier de 58 ans, n’avait pas le budget suffisant pour s’acheter un bélier. Ce père d’une famille de sept enfants s’est donc rabattu sur des poulets. « Après avoir acheté de la nourriture pour un mois avec mon salaire, ce qu’il reste n’est pas suffisant pour un bélier », a-t-il dit avant d’ajouter: « c’est la première fois, depuis que je suis père de famille, que je n’arrive pas à acheter un bélier « .
Le chef des vendeurs de bétail de Kano, Ibrahim Sani, explique que les prix des béliers avaient augmenté en raison de la hausse du coût des aliments pour animaux et celle du carburant. Un sac d’aliments pour le bétail coûte 9 500 naira (11 euros) contre 4 500 l’an dernier. « La dévaluation du naira a aussi eu de graves conséquences sur le prix des béliers car nous nous procurons du bétail au Niger, au Tchad, au Cameroun. Donc la faible valeur du naira signifie que nous achetons plus cher là-bas », selon M. Sani.
À Lagos, la capitale économique du pays, l’homme d’affaires Durojaiye Adeosun confirme qu’il avait l’habitude d’acheter deux béliers pour l’Aïd mais que cette année, il s’est limité à un seul. « Cette année, pour pouvoir avoir les moyens d’en acheter un, je fais des aller-retours (entre les différents marchands) », explique-t-il.
(Avec AFP)