À 63 ans, Moussa Faki Mahamat n’a rien perdu de la réserve un peu distante qui l’a toujours caractérisé. Natif de Biltine, dans l’est du Tchad, il ne fend véritablement l’armure que lorsque surgit, au détour d’un entretien, l’inévitable question de l’ambition qu’on lui prête – à tort ou à raison – de vouloir un jour diriger le Tchad.
Pour le reste, c’est en professionnel dépassionné que le président de la Commission de l’Union africaine (UA), élu il y a six ans et demi et dont le second et dernier mandat s’achèvera au début de 2025, a répondu à nos questions au cours de cette interview recueillie, à la fin de juin, au siège de Jeune Afrique, à Paris.
Transitions militaires, Soudan, Libye, RD Congo, fonctionnement (et dysfonctionnements) de l’UA… Le diplomate, fils d’un marabout du Ouaddaï, parvenu sur le toit de l’Afrique un jour de janvier 2017 au septième tour de scrutin, mais réélu quatre ans plus tard à l’unanimité, n’élude aucun sujet. Quant au Tchad et à son avenir, on retiendra de cet entretien qu’il ne s’interdit rien. Y compris de tenter de faire coïncider l’un avec l’autre.
Jeune Afrique : Soixante ans après la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, ancêtre de l’UA), l’Afrique ne dispose toujours d’aucun siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Est-ce une réforme que vous espérez faire aboutir d’ici à la fin de votre mandat ?