Matata Ponyo Mapon est-il victime d’un « acharnement », ainsi qu’il le dit lui-même ? L’affaire Bukanga Lonzo, qui menace d’obscurcir son avenir, n’est certes pas nouvelle. La justice congolaise a même déjà eu à s’y pencher. Mais l’ancien Premier ministre, candidat déclaré à la magistrature suprême en décembre prochain, est convaincu qu’il est victime d’un « règlement de comptes » pour avoir refusé de rallier le camp de Félix Tshisekedi.
Ces accusations, il les a portées ce mercredi 21 juin en conférence de presse. La veille, le président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo, avait accepté une demande du procureur près la Cour constitutionnelle d’autoriser une relance des poursuites judiciaires à son encontre. Le bureau du Sénat avait précisé qu’il n’était pas nécessaire d’autoriser une nouvelle fois la levée de son immunité parlementaire, Matata Ponyo Mapon étant déjà à la disposition de la justice depuis le 5 juillet 2021.
#RDC: Le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle, Jean Paul MUKOLO, vient de saisir à nouveau le Bureau du Sénat pour solliciter l’autorisation d’instruction judiciaire à charge du sénateur MATATA PONYO MAPON. Jean Paul MUKOLO
— Stanis Bujakera Tshiamala (@StanysBujakera) June 20, 2023
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L’affaire avait éclaté en novembre 2020, quand l’Inspection générale des finances (IGF) avait dénoncé des détournements dans la gestion d’un projet pilote à 200 km la capitale – projet dont Kinshasa voulait faire une vitrine. L’IGF affirmait que 205 des 285 millions de dollars décaissés par le Trésor public pour le parc agro-industriel de Bukanga Lonzo s’étaient envolés et que le projet lui-même était tombé à l’eau. Matata Ponyo Mapon était nommément mis en cause.
Son procès s’était ouvert en novembre 2021 devant la Cour constitutionnelle, mais celle-ci s’était immédiatement déclarée incompétente. Alors pourquoi le procureur repart-il à la charge ? Jean-Paul Mukolo affirme être en possession de nouveaux éléments dans l’affaire Bukanga Lonzo. Il évoque des faux et usage de faux, ainsi que des détournements. La Cour a, quant à elle, changé de président puisqu’en juin 2022, Dieudonné Kamuleta a remplacé Dieudonné Kaluba. Cela a-t-il joué ? Quoi qu’il en soit, elle se considère désormais compétente pour juger l’ancien Premier ministre.
C’est ce qui fait dire à ce dernier que « le dossier n’est pas juridique mais politique ». Matata Ponyo Mapon dénonce « une sorte de gangstérisme qui s’installe au sein des hautes institutions ». Il a annoncé son intention de porter plainte contre Modeste Bahati Lukwebo. « Les actions que pose le président du Sénat relèvent de la mauvaise foi et visent à m’éliminer de la course présidentielle, étant donné qu’il est membre du présidium de l’Union sacrée, et qu’il s’est déjà prononcé ouvertement en faveur du candidat Félix Tshisekedi. »