Les États-Unis ont annoncé des sanctions contre l’armée et les paramilitaires en guerre pour le pouvoir au Soudan, où une vingtaine de civils ont été tués dans des bombardements sur un marché de Khartoum.
Le 29 mai, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Dagalo avaient pourtant accepté une nouvelle trêve. Mais comme une dizaine d’autres, elle a fait long feu.
Changement de ton
Après que l’armée a quitté les négociations censées créer des couloirs sécurisés pour les civils et l’aide humanitaire, la Maison Blanche a durci le ton.
Elle a annoncé des sanctions contre quatre entreprises : deux groupes d’armement de l’armée et deux sociétés, notamment une impliquée dans les mines d’or du Soudan, tenues par le général Dagalo et deux de ses frères. Selon une étude de 2019, ces deux derniers groupes ont fourni des millions de dollars aux FSR depuis et vers des comptes en dirhams aux Émirats arabes unis.
« Les sanctions sont un outil », convient le chercheur Alex de Waal. Mais le Soudan, sous sanctions américaines durant deux décennies, représente « un cas classique de sanctions qui n’ont jamais rien résolu », poursuit-il. Car les deux généraux en guerre sont insaisissables : le général Dagalo passe pour l’un des hommes les plus riches du Soudan – troisième producteur d’or d’Afrique – et le général Burhane, comme tous ses pairs, a développé sous l’embargo des techniques pour contourner les sanctions internationales.
Pour l’auteure soudanaise Raga Makawi, les sanctions peuvent avoir « des conséquences dévastatrices sur la population : elles détruisent l’économie et font tout basculer dans des transactions illégales. »
Coupées du monde
Sur le terrain, la violence ne fait que grandir. Le 31 mai, un marché dans le sud de Khartoum a été visé par les tirs d’artillerie et les bombardements aériens de l’armée. Le « comité de résistance », qui organise l’entraide entre les habitants du quartier, a dénoncé une « situation catastrophique », lançant un appel « urgent » pour « des médecins et des dons de sang ».
En outre, plus de 350 000 personnes ont fui dans les pays voisins. Plus de 100 000 personnes sont au Tchad, selon l’ONU, chassés par les combats meurtriers au Darfour, de l’autre côté de la frontière, dont des régions entières sont totalement coupées du monde, sans électricité ni téléphone.
Aucun couloir n’a été dégagé pour l’aide humanitaire, dont ont désormais besoin 25 des 45 millions de Soudanais. Les rares cargaisons qui ont pu être acheminées ne couvrent qu’une infime partie des immenses besoins.
La directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy McCain, dénonce, elle, des pillages menaçant des stocks de nourriture « vitaux » pour « 4,4 millions de personnes ». Les trois quarts des hôpitaux dans les zones de combat sont hors d’usage, les autres doivent composer avec des réserves quasiment vides et des générateurs à l’arrêt faute de carburant.
(avec AFP)