Politique

Au Cameroun, libération des femmes kidnappées par des séparatistes anglophones

Certains groupes séparatistes commettent régulièrement des enlèvements de civils, parfois nombreux, comme le rapt d’une trentaine de femmes dans l’ouest anglophone le 20 mai.

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Mis à jour le 28 mai 2023 à 17:46

La gendarmerie patrouille à Buea, dans la province du Sud-Ouest à majorité anglophone du Cameroun, le 3 octobre 2018, en amont de l’élection présidentielle qui a vu Paul Biya être réélu. © AFP

Après trois jours de séquestration, ce groupe d’une trentaine de femmes enlevées le 20 mai par des séparatistes dans l’ouest du Cameroun a été relâché par leurs ravisseurs le 23 mai en soirée, a annoncé Denis Omgba, directeur de l’Observatoire des médias du ministère de la Communication.

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Ce dernier n’a pas souhaité donner d’informations supplémentaires sur les circonstances de leur libération ni sur leur état, précisant seulement que l’une d’elle souffrait d’une « fracture ». Un maire d’une localité de la région a confirmé à l’AFP la libération de ces otages, sous couvert de l’anonymat.

« Taxes »

Ces femmes « âgées » avaient été kidnappées « par des terroristes armés » dans le village de Kedjom Keku, dans la région du Nord-Ouest, après avoir participé la veille à une manifestation durant laquelle elles protestaient contre des taxes exigées par des rebelles séparatistes, avait alors assuré la préfecture. Les autorités désignent toujours par le mot « terroristes » les rebelles armés qui réclament l’indépendance des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. 

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Le 19 mai à Kedjom Keku, environ 150 femmes, « âgées » selon la préfecture, avaient « manifesté publiquement » contre « les activités d’exploitation des Amba Fighters » (du nom de l’« Ambazonie » qu’il souhaitent donner à un futur État indépendant), et notamment l’obligation imposée aux civils par ces derniers de leur payer des taxes mensuelles de 10 000 francs CFA (15 euros) pour les hommes et 5 000 pour les femmes (7,50 euros). Les rebelles assurent, eux, qu’ils prélèvent ces « taxes » pour financer leur « effort de guerre pour l’indépendance ».

Ce jour-là, une cinquantaine de femmes avaient d’abord été capturées, « séquestrées » et « sévèrement bastonnées » mais relâchées dans la soirée, selon Denis Omgba. C’est le lendemain matin que les rebelles en ont enlevé de nouveau une « trentaine ».

Les exactions des deux camps dénoncées

Les deux régions anglophones sont le théâtre depuis fin 2016 d’un conflit meurtrier entre l’armée et divers groupes de rebelles séparatistes. Certains groupes rebelles armés commettent régulièrement des enlèvements de civils – parfois nombreux – contre rançons, notamment dans les établissements scolaires auxquels ils reprochent d’enseigner le français. Ils effectuent également des assassinats ciblés contre des représentants des autorités, mais aussi contre des civils qu’ils accusent de « collaborer avec l’armée ».

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Leurs exactions ont été dénoncées par les ONG internationales et l’ONU, qui accusent tout aussi régulièrement l’armée de commettre contre les civils des bavures mortelles, exécutions sommaires, actes de torture voire razzias et tueries dans des villages. Le conflit a fait plus de 6 000 morts et forcé plus d’un million de personnes à se déplacer, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).

(Avec AFP)