Les évêques catholiques ont, sans les nommer, accusé le 21 mai des responsables politiques congolais d’instrumentaliser un affrontement intercommunautaire qui a fait des centaines de morts, dans la province de Maï-Ndombe, dans l’ouest de la RDC.
Ces violences ont débuté en juin 2022 dans le territoire de Kwamouth, autour d’un conflit foncier entre les Teke, qui se considèrent comme originaires et propriétaires des villages situés le long du fleuve Congo sur environ 200 kilomètres, et les Yaka venus s’installer après eux.
Depuis, les violences se sont répandues dans les provinces voisines de Kwilu et de Kwango, jusqu’à atteindre la commune de Maluku, à l’entrée de Kinshasa. Elles ont fait au moins 300 morts, selon l’ONG Human Rights Watch.
Des « mains invisibles sanguinaires »
« À l’issue des visites pastorales, des entretiens, des contacts et des témoignages recueillis auprès des différentes couches de la population, nous en sommes venus à l’intime conviction que des mains invisibles sanguinaires, à partir de Kinshasa se cachent derrière ce conflit », ont affirmé, dans une déclaration, les évêques de neuf diocèses situés dans les provinces de Kinshasa, Kongo-central, Kwango, Kwilu et Mai-Ndombe, au terme d’une assemblée épiscopale de la région Ouest.
Parti d’un litige foncier, ce conflit est récupéré par « des personnes qui défendent des intérêts occultes à caractère politique et économique ». Il s’agit d’une « instrumentalisation du conflit par certains hommes politiques en quête de légitimité locale », ont estimé les prélats.
« Retirez vos mains sanguinaires de nos provinces, agissez en responsables pour protéger notre peuple, cessez de manipuler et d’instrumentaliser un peuple déjà meurtri par la souffrance, la misère et les deuils récurrents », ont-ils dit, en paraphrasant le pape François.
Lors de sa visite à la fin de janvier à Kinshasa, où il avait dénoncé le « colonialisme économique », le souverain pontife avait notamment déclaré : « Ôtez vos mains de l’Afrique ! », « Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser ».
(avec AFP)