Société

En RDC, plutôt mourir que renoncer à la polygamie !

Lors des débats sur la réforme du code de la famille à l’Assemblée congolaise, un député a défendu la polygamie avec une ferveur inhabituelle et des arguments étonnants.

Mis à jour le 27 mai 2023 à 10:19
Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

RDC © GLEZ

Assemblée nationale de RDC, session du 8 mai. Débat autour d’une réforme du code de la famille. Un élu de la circonscription de Kahemba évoque la question de la polygamie pour laquelle, selon lui, les hommes seraient « prêts à mourir ».

« Prévoyez assez de munitions pour nous exterminer ! »

« Honorable président, lance-t-il à Christophe Mboso, titulaire du perchoir. Même si vous dites qu’est puni de la peine de mort celui qui aura plusieurs femmes, prévoyez assez de munitions pour nous exterminer ! » Et Charles Nawej Mundele de brandir la supériorité numérique des femmes sur les hommes pour appuyer son propos. En épouser plusieurs serait donc selon lui une nécessité qui répond à une imparable logique mathématique.

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Selon les statistiques des Nations unies et de la Banque mondiale, le nombre de Congolais pour 100 Congolaises serait de 99,5. Pour compenser ce que le député désigne comme une immense injustice démographique, il suffirait donc qu’un homme sur… 200 ait une deuxième épouse. Il est pourtant peu probable que seulement 0,5 % des mâles décide de jouir du droit à la polygynie.

Impact sur le taux de suicide

Et puisque Charles Nawej Mundele n’est pas à une outrance près, il a pris soin d’expliquer que la première des vertus de la polygamie était de permettre à la RDC de compter peu de « femmes délaissées » et donc « un taux de suicide très faible », comparativement à l’Europe.

Les chiffres sont pourtant têtus. Ceux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indiquent par exemple que le nombre de suicides pour 100 000 habitants est plus élevé en RDC (12,4) qu’en Allemagne (8,3), en France (9,7), en Espagne (5,3) ou au Royaume-Uni (6,9), en 2019.

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Charles Nawej Mundele n’a en tout cas pas convaincu sa collègue, la députée Geneviève Inagosi : « Hommes et femmes sont égaux devant la loi, a-t-elle insisté. Si nous autorisons la polygamie dans le code de la famille, alors nous devrions aussi introduire la polyandrie. »

Évoquant pour finir les « femmes qui arrachent les maris d’autrui », Charles Nawej Mundele a conclu : « Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir son mari à lui. » Un drôle de lapsus pour conclure un argumentaire très étonnant, voire carrément fallacieux.