La matinée touche à sa fin à N’Djamena et, en plein cœur de la capitale, la température continue de grimper. Quelques chanceux parviennent encore à faire fonctionner leur climatisation mais, les coupures d’électricité s’éternisant en ce mois de mai, le Tchad suffoque plus encore que d’habitude. Quelques jours plus tôt, dans un quartier périphérique de la ville, un employé de la Société nationale d’électricité (SNE) a échappé de peu à une foule vengeresse. Les files d’attente s’allongent à l’excès devant les stations-service, obligeant les usagers à patienter quatre ou cinq heures sans assurance de repartir autrement que bredouille. L’unique raffinerie du Tchad effectuant ses opérations de maintenance, comme tous les deux ans, le carburant n’arrive plus.
Le gouvernement a délivré en urgence des autorisations exceptionnelles d’importation pour régler la crise. Mais l’initiative n’est pas suffisante. En ce mardi midi, la primature est donc plongée dans le noir. L’électricité ne circule plus et les groupes électrogènes n’ont pas pris le relais, faute de fioul. Jusque dans les bureaux du Premier ministre, Saleh Kebzabo, où la température pousse davantage au repos qu’au surmenage, on s’oriente à la lueur des téléphones portables si tant est que ceux-ci aient conservé suffisamment de batterie. À quelques encablures de là, dans le ministère flambant neuf des Affaires étrangères, la situation est la même. Les ascenseurs, à l’arrêt, ne permettent plus d’accéder aux bureaux de Mahamat Saleh Annadif, au cinquième étage.