Khaled el-Mechri, président du Haut Conseil d’État libyen (HCE), instance faisant office de Sénat, a regretté ce 16 mai « le retour de la dictature » en Tunisie, en exprimant sa solidarité avec l’opposant tunisien incarcéré Rached Ghannouchi, chef du parti islamo-conservateur Ennahdha.
Dans un message posté sur les réseaux sociaux, le haut responsable libyen a déploré la détention « du président du Parlement élu par le peuple, le penseur Rached Ghannouchi, à cause d’une opinion qu’il a exprimée ». « Ce développement absurde témoigne du retour de la dictature, de l’injustice et du bâillonnement de la libre expression en Tunisie. Ghannouchi, vous n’êtes pas seul », a-t-il ajouté.
Rached Ghannouchi, 81 ans, principal opposant au président Kaïs Saïed, est incarcéré depuis le 17 avril à la suite de déclarations dans lesquelles il avait affirmé que la Tunisie serait menacée d’une « guerre civile » si les partis de gauche ou ceux issus de l’islam politique comme Ennahdha, y étaient éliminés. Il présidait le Parlement tunisien jusqu’à ce que celui-ci soit suspendu par le président.
« Apologie du terrorisme »
Le 15 mai, il a été condamné à un an de prison pour « apologie du terrorisme » dans le cadre d’une autre affaire pour laquelle il avait été entendu en février par le pôle judiciaire antiterroriste avant d’être libéré. Son audition faisait suite à une plainte déposée par un syndicat de policiers qui l’accuse d’inciter les Tunisiens à s’entretuer, pour avoir affirmé début 2022 lors des obsèques d’un responsable d’Ennahdha que le défunt « ne craignait pas les dirigeants ni les tyrans ».
Rached Ghannouchi est le plus célèbre opposant arrêté depuis le coup de force du président Kaïs Saïed qui s’était arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021. Depuis début février, les autorités ont incarcéré plus de 20 opposants et des personnalités parmi lesquelles des anciens ministres, des hommes d’affaires et le patron de la radio la plus écoutée du pays, Mosaïque FM.
Les États-Unis et l’Europe avaient critiqué son arrestation en avril mais le président Saïed avait rejeté ces critiques, les qualifiant d’ « ingérence flagrante » dans les affaires tunisiennes. Les déclarations de Khaled el-Mechri risquent à leur tour de provoquer l’ire des autorités tunisiennes. Après une période de fortes tensions, les relations entre les deux pays s’étaient réchauffées fin novembre à l’occasion d’une visite à Tunis du chef du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah.
(avec AFP)