L’industrie des fintech en Afrique connaît une croissance fulgurante. Défiant les obstacles politiques et économiques, elle a révolutionné les services financiers traditionnels. En témoigne l’évolution exponentielle du nombre de start-up technologiques, dont la moitié sont issues de ce secteur, générant des revenus considérables et affichant un potentiel de croissance prometteur.
Du Cap au Caire, la fintech est devenue une force majeure qui améliore l’inclusion financière et sert de catalyseur à l’émergence d’innovations dans d’autres secteurs, tels que l’agriculture, l’énergie, les transports et les infrastructures.
Un marché à 230 milliards de dollars
Face à cet essor, les perspectives apparaissent reluisantes : une croissance annuelle à deux chiffres et un marché des services financiers estimé à 230 milliards de dollars d’ici à 2025, selon le cabinet McKinsey. Les fintechs africaines pourraient ainsi générer des revenus jusqu’à huit fois supérieurs à ceux de 2020.
Malgré un intérêt croissant de la part des investisseurs locaux et internationaux, qui a permis au secteur de devenir un pôle d’investissement en soi, son financement demeure un défi majeur, alors qu’il traverse un ralentissement depuis l’année dernière en raison des dynamiques économiques mondiales.
Ainsi, face aux perspectives de croissance significative dans les années à venir – 90 % des transactions en Afrique sont toujours effectuées en espèces –, l’insuffisance de financement constitue un frein majeur à l’évolution de l’industrie.
Fonds dédiés, financements alternatifs…
Dans ce contexte défavorable, il est essentiel de mettre en œuvre une approche globale et innovante pour surmonter les obstacles financiers auxquels sont confrontées les fintechs africaines.
Premièrement, la création de fonds d’investissement spécialisés constituerait un tournant décisif. Cela requiert une collaboration étroite entre les gouvernements africains et les partenaires internationaux comme les banques publiques de développement ou les banques multilatérales qui, elles, disposent de ressources longues. En offrant des garanties aux investisseurs privés, ces fonds pourraient atténuer les risques et renforcer la confiance dans l’écosystème fintech africain.
Deuxièmement, le soutien et la promotion de mécanismes de financement alternatifs, tels que le financement participatif (crowdfunding), le prêt participatif (crowdlending) et l’equity crowdfunding, sont essentiels. Ces options flexibles pourraient s’avérer être une bouée de sauvetage pour les jeunes pousses en quête de capitaux.
Encourager la participation locale
Troisièmement, nous considérons que l’encouragement de la participation locale au financement par capital-risque est primordial pour diversifier les sources de financement et renforcer la résilience de l’industrie fintech en Afrique, tout en favorisant la souveraineté financière du continent. En effet, actuellement, près de 70 % des transactions de start-up fintech sont financées par des investisseurs non-africains, principalement en Amérique du Nord.
En promouvant l’investissement local, nous pouvons renforcer la capacité de l’Afrique à financer sa propre croissance et réduire sa dépendance aux marchés internationaux, tout en encourageant le développement d’un écosystème durable et prospère.
Cocher ces cases devrait favoriser une croissance économique inclusive et durable sur le continent
Enfin, nous préconisons la mise en place d’un cadre réglementaire et fiscal favorable, primordial pour stimuler l’investissement dans la fintech africaine. Un environnement incitatif pourrait encourager les banques traditionnelles et autres entreprises à s’investir dans l’écosystème, favorisant ainsi l’émergence d’un secteur dynamique et innovant sur le continent.
Cocher ces cases devrait favoriser une croissance économique inclusive et durable, améliorant ainsi le niveau de vie des populations grâce à un accès simplifié aux services financiers. Afin d’y parvenir, nous encourageons les acteurs financiers et les décideurs à unir leurs efforts et à adopter des approches innovantes. Cela permettra de créer un futur plus prospère et plus inclusif en Afrique, où la technologie financière jouera un rôle essentiel dans l’autonomisation économique et sociale de millions de personnes.