Économie

Cacao, café, caoutchouc… Les efforts de l’UE vont-ils suffire à enrayer la déforestation ?

Le Parlement européen a adopté ce 19 avril une réglementation ambitieuse pour interdire l’importation de produits ayant contribué à la déforestation. Quel en sera l’impact dans les pays africains ? Cette mesure peut-elle vraiment freiner la déforestation ? Décryptage en infographies.

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Mis à jour le 21 avril 2023 à 17:57

Déforestation Afrique-Europe © MONTAGE JA

« On va garantir à tous les Européens qui prennent une tasse de café ou de chocolat le matin le fait qu’ils ne contribueront plus, même sans le savoir, à la déforestation de l’Amazonie. » Faut-il croire Pascal Canfin, président de la Commission environnement du Parlement européen, qui expliquait ce 19 avril les bénéfices attendus de la réglementation européenne adoptée à une très large majorité par les eurodéputés ? Et quel sera l’impact de cette mesure en Afrique, dont beaucoup de pays exportent cacao, café ou bois vers l’Europe ?

Jusqu’à 4 % du CA d’amende

Adopté au lendemain de l’adoption du « grand plan climat » de l’Union européenne, qui prévoit notamment la réforme des quotas d’émissions de CO2 et une refonte du système de compensation carbone, le texte voté mercredi avait déjà fait l’objet d’un accord entre le Parlement européen et les États membres en décembre dernier. Désormais, l’importation dans l’UE de cacao, de café, d’huile de palme, de soja, de bois, de caoutchouc, de charbon de bois ou encore de viande bovine sera interdite si ces produits sont issus de forêts déboisées après décembre 2020.

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Les entreprises qui commercialisent ces produits seront obligées de remonter toute la chaîne d’approvisionnement, jusqu’à la parcelle de production, pour apporter la preuve que les terres n’y ont pas été déboisées. L’opérateur ou négociant qui ne respecte pas la législation encourra une amende allant jusqu’à 4 % de son chiffre d’affaires annuel total dans l’UE.

En Afrique, qui a le taux de déforestation le plus élevé du monde (3,9 millions d’hectares par an), ce nouveau règlement aura un impact important, tant le continent est un grand producteur de cacao, de café et de bois. De la Côte d’Ivoire au Cameroun, en passant par la RDC et l’Éthiopie, nous proposons dans ces infographies – que nous avions publiées une première fois en décembre dernier, après l’accord entre le Parlement et les États membres – une cartographie des pays les plus affectés et détaillons les limites de cette réglementation.

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Outre qu’elle s’appuie sur une définition de la « déforestation » remise en question par de nombreux spécialistes, la mesure prise par l’Europe, qui fait un peu cavalier seul dans ce domaine, risque de n’avoir qu’un bénéfice environnemental limité.