Gabon – Livre : la démocratie selon Guy Rossatanga-Rignault

Mode de scrutin, transmission héréditaire du pouvoir… Dans son essai intitulé « Qui t’a fait roi ? » paru en novembre 2011, le juriste Guy Rossatanga-Rignault – par ailleurs conseiller spécial du chef de l’État gabonais – aborde les questions qui fâchent.

Guy Rossatanga-Rignault, professeur de droit à l’université Omar Bongo à Libreville. © Vincent Fournier/J.A.

Guy Rossatanga-Rignault, professeur de droit à l’université Omar Bongo à Libreville. © Vincent Fournier/J.A.

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Publié le 9 février 2012 Lecture : 2 minutes.

Gabon : faut-il croire à l’émergence ?
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Gabon : faut-il croire à l’émergence ?

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Qui t’a fait roi ? de Guy Rossatanga-Rignault, a de quoi faire sursauter. Quoi ! Un professeur de droit qui se pique d’instruire le procès de la sacro-sainte démocratie électorale au Gabon ! Circonstance aggravante, l’auteur de cet opuscule blasphématoire travaille, à ses heures gagnées, comme conseiller spécial du président Ali Bongo Ondimba. Deux casquettes qui sont loin de le protéger du soupçon, bien au contraire : à quel moment l’intellectuel s’efface-t-il devant le conseiller du prince ?

Au bout du compte et au regard des questions que le livre soulève, l’engagement partisan de son auteur devient d’un intérêt mineur. Première pierre dans le jardin des tenants du respect dogmatique des principes de la démocratie universelle : « Il n’y a pas de légitimité que démocratique, prétend le juriste. Le contenu de la notion de légitimité est en soi un problème du seul fait qu’il varie dans le temps et l’espace autant qu’il change au gré de ceux qui l’utilisent », poursuit l’essayiste, qui accompagne sa démonstration de plusieurs acceptions de la notion de légitimité, allant de saint Thomas d’Aquin à Max Weber, pour conclure que, « à l’évidence, il est difficile de trouver aujourd’hui un pouvoir qui corresponde exactement à l’une ou l’autre de ces déclinaisons ». 

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D’un tabou à un autre

La plume alerte et le verbe sarcastique, Rossatanga passe d’un tabou à l’autre. Il faut lui reconnaître le courage de provoquer la dispute intellectuelle sur les sujets qui divisent les Africains. Quitte à lui faire le reproche de les évoquer bien à propos pour mieux justifier des choix politiques contestés : « Le vrai-faux débat africain sur le bon mode de scrutin : un ou deux tours ? » En guise de réponse : « Peut-on, a priori, s’offusquer de ce qu’un État (au demeurant sous-développé) dépense moins d’argent pour organiser des élections ? »

Dans la même veine, s’agissant de la dévolution du pouvoir : « Il est donc important de noter que monarchie n’est pas forcément synonyme d’hérédité alors qu’élection peut rimer avec hérédité. […] C’est le lieu de rappeler que les dynasties politiques ne sont ni un phénomène nouveau, ni une spécificité africaine. » Abondamment puisés dans les vieilles démocraties occidentales, des exemples et contre-exemples étayent habilement ses thèses, dont le fond de sauce pourrait se résumer ainsi : nous n’avons pas de leçons de démocratie à recevoir, laissez-nous avancer avec nos spécificités.

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