Depuis qu’il a fait son « coming-out » de mercenaire, en septembre dernier, et qu’il a pris ses distances avec le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, Evgueni Prigojine fait feu de tout bois. Pour le patron du groupe Wagner, l’objectif est double : embrigader les esprits tout en enrôlant de la chair à canon.
Sur la première dimension, la « com’ » tous azimuts s’étend jusqu’à la production de dessins animés de propagande, des fictions infantilisantes qui figurent « les démons de Macron » comme des zombies colonialistes ou des rats démesurés. Vieille technique de déshumanisation de l’ennemi désigné. Principe éprouvé, dans les années 1930, par les aficionados allemands du compositeur… Richard Wagner. Abondamment relayés sur les réseaux sociaux par des comptes liés à la nébuleuse Wagner, les comics de Prigojine ciblent particulièrement le public africain.
Même sur Pornhub !
Sur le terrain de l’enrôlement, les recrutements en prison – six mois au front en échange de réductions de peine – semblent avoir fait long feu. Privé de cette source carcérale et encore peu loquace sur sa présumée prospection des milieux estudiantins, le groupe de Prigojine affiche toutefois une imagination sans scrupules, en témoignent deux nouveaux terrains d’exploration. Le 10 mars, Wagner rendait public l’ouverture de 58 centres de recrutement dans 42 villes de Russie, situés pour l’essentiel dans des salles de sport, des centres d’arts martiaux ou des clubs de boxe. Des lieux parfois pour contrôler la forme physique et le niveau de motivation des futurs combattants.
La propagande de la société paramilitaire a également investi le terrain de la pornographie, postant notamment sur le site Pornhub une publicité où la bouche pulpeuse et outrageusement maquillée d’une jeune blonde joue de manière fort suggestive avec une énorme sucette, tandis qu’une voix off, féminine et rauque, affirme : « Nous sommes la putain d’armée privée la plus cool du monde », et ajoute : « Nous recrutons des combattants de toutes les régions de Russie ». Le spot finit en invitant l’internaute à abandonner le plaisir sexuel solitaire pour le combat.
Une démarche marketing excellente, selon Evgueni Prigojine. Un buzz est un buzz, et l’essentiel n’est-il pas de faire parler de soi ?