80 milliards de dollars de profits : les champions africains au sommet de la rentabilité

La marge nette moyenne de notre classement 2023 a été multipliée par plus de quatre. Les entreprises du secteur extractif mènent la danse.

Pour les entreprises dont les résultats sont connus, la rentabilité s’affiche à 14,9 %, un niveau record. © Montage JA; Adobe Stock

Publié le 15 mars 2023 Lecture : 3 minutes.

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[Exclusif] Le classement 2023 des 500 champions africains

Quelles sont les compagnies les plus performantes du continent ? Découvrez notre classement exclusif des 500 champions africains.

Sommaire

500 CHAMPIONS AFRICAINS – Une bonne nouvelle suit toujours l’autre. La reprise d’activité post-Covid (de 2020 à 2021) en matière de chiffre d’affaires des grandes entreprises africaines se traduit aussi par une hausse spectaculaire des profits et de la rentabilité. Sur les 500 entreprises de notre classement exclusif, nous avons pu obtenir les résultats à jour de 353 d’entre elles correspondant à un revenu cumulé de 539 milliards de dollars, représentant un poids total de plus de 80 % dans le revenu total. Leurs profits cumulés forment un total de 80,43 milliards de dollars.

Pour ces entreprises, la rentabilité (marge nette définie par le rapport entre le résultat net et le chiffre d’affaires) s’affiche à 14,9 %, un niveau record.

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Une rentabilité à des niveaux jamais vus

En tête de ce classement figurent les performances hors normes du sud-africain Naspers, qui affiche 18,53 milliards de dollars de résultat net pour un chiffre d’affaires de « seulement » 7,94 milliards de dollars. L’explication de ce qui ressemble à une anomalie est simple : comme lors des années précédentes, le groupe de médias, dont le nom provient de l’afrikaans De Nasionale Pers (qui signifie « presse nationale »), bénéficie des résultats de ses participations financières, notamment celle dans le géant chinois de l’internet Tencent.

Hors cet « effet Naspers », la rentabilité moyenne de notre échantillon s’affiche à 11,6 %, ce qui reste un record malgré tout. Dans notre précédente édition, cette marge nette moyenne du classement n’était que de… 2,9 %. Et les années antérieures, ce ratio variait entre 5 % et 8 %. On mesure le retournement de tendance, qui reste néanmoins à confirmer au vu des bouleversements intervenus en 2022.

Comme pour le chiffre d’affaires des 500, cette performance est à mettre au crédit d’un effet « prix » dans le secteur des matières premières. Opérant des métiers à coûts fixes élevées, ces entreprises voient leurs profits s’envoler plus vite en proportion du chiffre d’affaires dès que les prix montent.

Sonangol sort du rouge

C’est le cas par exemple avec NNPC, dont le résultat en nairas a bondi de 134,8 % entre 2020 et 2021 dans un contexte de production pourtant stagnante pour le pétrolier nigérian. De son côté, le géant des phosphates marocain OCP, pour une activité en hausse de 50 % en 2021, a plus que quintuplé son résultat net, à 16,33 milliards de dirhams. Quant au minier Anglo American Platinum, son résultat net exprimé en rand a bondi de 151 % pour une hausse de chiffre d’affaires d’à peine 40 %.

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Dans ce contexte favorable, plusieurs poids lourds du secteur extractif sont logiquement sortis du rouge pour entrer dans le vert éclatant, comme Sonangol, qui a affiché des résultats historiques (2,1 milliards de dollars), ou Sonatrach, qui décroche la médaille d’argent des plus gros profits en valeur absolue de notre classement, à 5,7 milliards de dollars.

Au sein du top 10 des plus gros bénéfices, hormis Naspers, le groupe Sasol est le seul à ne pas appartenir au secteur extractif. Après plusieurs années difficiles, ce chimiste sud-africain a dégagé une marge nette record de 15,1 % sur son exercice 2021/2022. Autre groupe industriel sud-africain, ArcelorMittal SA est, lui aussi, sorti du rouge et a, en 2021, affiché ses meilleurs résultats depuis 2008 avec une marge nette de 16,6 %.

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Les groupes télécoms rentrent dans le rang

À noter que les groupes de télécom, qui longtemps figuraient parmi les stars en matière de profits, sont un peu rentrés dans le rang en cette période particulière. Dans l’ensemble, la marge nette moyenne des opérateurs télécom présents dans notre classement s’inscrit à moins de 14 %. Un bon niveau sans plus. Illustration : sur son dernier exercice, Safaricom a vu son chiffre d’affaires progresser en shilling kényans de 12,9 %, mais son résultat net après impôts a très légèrement reculé (-1,7 %). Le groupe, désormais parti à la conquête du marché éthiopien, affiche tout de même un confortable ratio de 22 % pour sa marge nette.

Pour cette édition dans laquelle toutes les cartes sont rebattues, seulement 42 compagnies affichent des résultats négatifs, contre 97 lors de notre précédente livraison. Ces entreprises cumulent 4,7 milliards de dollars de pertes, soit environ trois fois moins qu’un an auparavant.

Avec plus de 900 millions de dollars, la palme du plus gros déficit revient au groupe sud-africain de distribution et d’ameublement Steinhoff International. Après avoir frôlé la faillite à partir de 2017 et la découverte de fraudes comptables, le groupe mène une longue restructuration. Steinhoff est suivi par son compatriote Eskom, l’électricien public qui cumule, pour sa part, d’innombrables problèmes d’inefficacité et de gouvernance.

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