Cet article, issu des archives de Jeune Afrique, a été initialement publié le 30 mars 2012.
C’est le scénario du pire, celui du gâchis et de la régression. Aussi souvent cité en exemple pour son attachement à la démocratie que critiqué pour sa pusillanimité, Amadou Toumani Touré (ATT) a été renversé, le 21 mars, par une poignée de soldats maliens jusque-là anonymes. Lui l’ancien lieutenant-colonel putschiste qui avait su résister aux pressions de son entourage et s’abstenir de briguer un troisième mandat rate sa sortie à un mois de l’élection qui devait permettre de lui choisir un successeur.
Sa chute était prévisible, entend-on déjà, tant il est vrai qu’il avait été incapable d’empêcher les salafistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) de faire du Mali leur terrain de jeu. Tant il est vrai aussi que son autorité était, depuis le 17 janvier, contestée par une nouvelle rébellion touarègue et que la communauté internationale semblait s’être lassée de cet homme qui, toujours, préférait le compromis à la démonstration de force. La troupe, entend-on encore, grondait depuis plusieurs semaines de ne pas se voir donner les moyens d’en découdre avec les insurgés du Nord. Une chute prévisible ? Peut-être. Mais personne ne l’aurait imaginée aussi rapide. Enquête sur ces heures qui ont fait basculer le Mali.