
Ancien de Jeune Afrique, il a fondé le premier journal privé du pays, N'Djamena Hebdo, en 1989. © Vincent Fournier/J.A.
Allié d’Idriss Déby Itno le temps d’un quinquennat, Saleh Kebzabo, le président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau, est, depuis 2001, le chef de file de l’opposition. Un statut qui lui va comme un gant.
À 65 ans, Saleh Kebzabo affiche vingt années de carrière politique au compteur. Mais ses premières armes, il les a faites dans la presse. Né à Léré, dans le sud-ouest du Tchad, il poursuit ses études primaires et secondaires au Cameroun. En 1966, il intègre le Centre de formation des journalistes, à Paris, et, deux ans plus tard, regagne N’Djamena pour débuter à l’Agence tchadienne de presse, dont il deviendra le directeur. Retour à Paris pour un diplôme de troisième cycle à l’Institut français de presse : Kebzabo collabore alors à la rédaction de Jeune Afrique, puis à celle de Demain l’Afrique. Lorsqu’il revient sur le continent, en 1982, il s’installe à Douala, au Cameroun, où il ouvre un kiosque à journaux, puis une librairie. Revenu au Tchad, il crée N’Djamena Hebdo, le premier journal privé du pays, en 1989.
L’année suivante, Hissène Habré est renversé par Idriss Déby Itno, et le journaliste entre en politique : en 1992, il est l’un des membres fondateurs de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR), dont il devient président, et se présente à l’élection présidentielle de 1996. Kebzabo se classe troisième avec 8,6 % des suffrages et, pour le second tour, choisit de soutenir la candidature de Déby Itno, arrivé en tête. Dès le mois d’août, il entre au gouvernement, où il enchaînera les portefeuilles : Affaires étrangères en 1996 ; Travaux publics, Transports, Habitat et Développement urbain en 1997 ; Mines, Énergie et Pétrole en 1998 ; Agriculture en 1999. Jusqu’à la rupture.
Boycott
En avril 2001, désigné candidat à la présidentielle par son parti pour se présenter contre le chef de l’État sortant, Kebzabo est limogé du gouvernement. Il finit troisième avec 7 % des voix, derrière le député Ngarlejy Yorongar (16,35 %), leader de la Fédération Action pour la République (FAR), et Déby Itno, vainqueur dès le premier tour avec plus de 63 % des suffrages. En 2006, comme en 2011, Kebzabo et l’UNDR boycotteront la présidentielle.
Élu pour la première fois député en 1997, réélu en 2002 et 2011 (dans sa circonscription natale de Léré) et membre du Parlement panafricain, le sexagénaire reconnaît avoir commis des erreurs : « Je me suis retrouvé au gouvernement après la Conférence nationale de 1993, sans expérience de la discussion. Je ne savais pas comment me comporter face à des bandits politiques… » Au sein de l’opposition, il n’a pas que des amis non plus. En décembre, Yorongar voyait en lui « l’homme politique tchadien le plus jaloux, qui ne veut pas voir un autre émerger […], l’un des artisans de la démolition de la démocratie tchadienne ». Kebzabo, lui, se dit « constant dans ses idées ».
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