
La coordination des trois hommes ne suffit pas toujours à masquer les couacs. © Fethi Belaïd/AFP
Après cinquante années de pouvoir confisqué, ce sont trois hommes qui dirigent la Tunisie. Le chef de l’État Moncef Marzouki, le Premier ministre Hamadi Jebali et le président de l’Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar doivent travailler ensemble.
Ils sont le nouveau visage de la Tunisie après plus d’un demi-siècle de pouvoir confisqué. Chaque mardi, s’ils ne sont pas en voyage, Moncef Marzouki, 66 ans, le président de la République, Hamadi Jebali, 62 ans, le chef du gouvernement, et Mustapha Ben Jaafar (à gauche), 71 ans, le président de l’Assemblée constituante, se réunissent au domicile de l’un d’entre eux. Mais cette coordination ne suffit pas toujours à masquer les couacs. Ils le reconnaissent d’ailleurs bien volontiers.
« Si le Congrès de la République [CPR, son parti, NDLR] était la première force du pays, nous aurions accéléré les réformes », lance l’impétueux chef de l’État, qui a pris goût aux feux de la rampe et à l’exercice du pouvoir. Ses collègues du triumvirat, rarement consultés, ont de la peine à le suivre. « Il a au moins une idée par heure », s’amuse le très politique Mustapha Ben Jaafar, à qui il revient d’organiser les travaux de la Constituante. Les opposants reprochent à cet ancien professeur de médecine l’alliance de son parti, Ettakatol, avec les islamistes d’Ennahdha. Lui préfère répondre par ses prises de position. Il s’est notamment déclaré opposé à ce que la charia devienne la principale source de la prochaine Constitution, car cela remettrait en question le caractère civil de l’État. Pour l’heure, il semble avoir eu gain de cause.
Quoique membre d’Ennahdha, Hamadi Jebali met, lui, en avant son pragmatisme et sa feuille de route : la remise en marche du pays et la relance de l’économie. Une gageure alors que les financements vaguement promis en mai 2011 lors du sommet du G20 à Deauville tardent à se concrétiser. Cet ingénieur qui a passé plus de seize ans dans les prisons de Ben Ali est tenace. Il frappe à toutes les portes, qu’elles soient en Arabie saoudite, au Qatar, en Allemagne, en Italie, en France, aux États-Unis ou ailleurs. « Investissez dans la démocratie, la stabilité et la sécurité », ne cesse-t-il de répéter à ses interlocuteurs étrangers. Sa tâche n’est toutefois pas facilitée par les durs de l’opposition et de la société civile, qui lui ont refusé le traditionnel état de grâce.
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