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Histoire : l’avant-garde nègre
C’est l’histoire d’un dévot dont la dépouille, exhumée trois ans après sa mort, dégage une « odeur très suave » et est pratiquement intacte. Benoît le More, ou Benoît le Noir, deviendra le saint patron de Palerme, ville sicilienne où il mourra. Dans l’ouvrage Les Africains et leurs descendants en Europe avant le XXe siècle (MAT Éditions), Giovanna Fiume évoque ce Noir devenu l’idole de l’île méditerranéenne dès 1652.
Né en 1524 (ou 1526, selon certains historiens) dans la maison d’un chevalier de San Fratello, Jérôme Lanza, fondateur d’un ordre franciscain, le fils d’esclaves mahométans convertis au catholicisme grandit dans la dévotion. Affranchi par son maître, il s’occupe des travaux manuels du monastère de Lanza. Peu de détails existent sur sa vie, mais on sait qu’il est cité en exemple par ses contemporains. « Bien que noir, il fut le Blanc de tous les barons spirituels de son temps », déclaraient-ils, lui attribuant la résurrection de cinq personnes, dont celle d’un nourrisson mort dans un accident de carrosse.
Canonisé en 1807, saint Benoît le More est célébré le 4 avril, et il est encore vénéré au couvent Santa Maria di Gesu de Palerme mais aussi par-delà les océans, notamment aux États-Unis, au Brésil et en Argentine.