La décrispation promise par Boni Yayi après sa réélection en mars 2011 à la présidence béninoise a fait long feu. Les poursuites judiciaires engagées contre l’homme d’affaires Patrice Talon en raison de malversations supposées dans l’importation d’intrants sont en train de « fissurer les relations entre le gouvernement et le président », assure un ministre influent. Car ce dossier en cache un autre, encore plus explosif : celui du Programme de vérification des importations (PVI), dont la mise en oeuvre a été confiée à Talon juste avant le scrutin présidentiel. Le contrat comporte « des dispositions très favorables qui lui ont permis de mettre la main sur une bonne partie des recettes douanières », explique un habitué du Palais. Qui a négocié ce contrat que le chef de l’État souhaite aujourd’hui dénoncer ?
« En pleine campagne électorale, Boni Yayi a laissé faire », assure-t-on dans l’entourage du président, où l’on évoque notamment le nom de Pascal Koupaki, l’actuel Premier ministre, dont les jours semblent comptés. Certains estiment que Talon, qui a financé la campagne du candidat Yayi en 2006 et, moins généreusement, en 2011, se serait rapproché de Koupaki, le champion de certains Sudistes en vue de la présidentielle de 2016. Est-ce à dire que le Nordiste Yayi n’a pas abandonné l’idée de rempiler, bien que la Constitution ne l’y autorise pas ? « Le pays est sur une mauvaise pente régionaliste », estime un proche collaborateur de Koupaki.