
La gare du CFCO, seule voie terrestre reliant les capitales politique et économique. © Antonin Borgeaud pour J.A.
La ville a été créée pour être le point de départ et d’arrivée, sur le golfe de Guinée, du réseau de communication du pays et de ses voisins enclavés. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Pointe-Noire redeviendra-t-elle le pôle d’intégration régionale qu’elle fut par le passé en matière de transport ? Les divers projets engagés dans la ville et dans le reste du Congo le laissent penser, à commencer par la réhabilitation et l’extension du parc à conteneurs du port en eau profonde (lire pp. 78-79), dont les travaux sont en cours. Toute la chaîne des transports est à remettre en état et à renforcer pour faciliter les échanges non seulement avec l’hinterland (notamment Brazzaville), mais aussi avec les pays voisins.
Nationale 1
Dans le domaine routier, le désenclavement de Pointe-Noire se dessine depuis l’ouverture à la circulation en décembre dernier du premier tronçon de la RN1 jusqu’à Dolisie (190 km), réalisé par China National Machinery and Equipment Import and Export Corporation (CMEC). Il sera total en 2013, lorsque le tronçon Dolisie-Brazzaville (300 km), dont les travaux sont engagés depuis fin 2011, sera achevé.
Les autres chantiers routiers en cours dans le pays vont aussi contribuer à fluidifier et accroître le trafic entre Pointe-Noire et le reste du Congo. Le plan national des transports, dont l’architecture devrait être en place d’ici à 2015, prévoit en effet de « relier le sud et le nord du pays par deux grands axes, l’un situé dans l’Est et l’autre dans l’Ouest. De part et d’autre, des transversales feront la jonction avec les pays voisins, en particulier le Gabon et le Cameroun », explique Michel Niama, conseiller du ministre du Plan et de l’Aménagement du territoire.
Nouveau terminal pour l’aéroport
Avec un trafic passé de 400 000 passagers en 2003 à 800 000 en 2011, le terminal de l’aéroport international António-Agostinho-Neto de Pointe-Noire, géré par Aerco, est devenu trop petit. D’où la décision de construire un deuxième module pour faire face à l’augmentation du trafic. Placée côté ville, cette seconde aérogare consacrée aux vols internationaux sera constituée d’un bâtiment de trois niveaux et disposera notamment de deux passerelles télescopiques. Le projet, piloté par la Délégation générale des grands travaux (DGGT), inclut également la construction d’une centrale électrique, d’un abri à matériels de piste et d’une base « eau », avec une salle de pompe. Confiés à la société China Jiangsu International Group et financés par l’État congolais, les travaux, dont le coût s’élève à environ 35 milliards de F CFA (plus de 53 millions d’euros), vont durer deux ans. M.D.
Congo-Océan
La réhabilitation des 510 km de rail du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), seule voie terrestre reliant Pointe-Noire à Brazzaville pour le moment, donnera un nouveau souffle à la capitale économique. Le chantier avance à petits pas, certes, mais il est en cours. Depuis 2007, l’État a investi 40 milliards de F CFA (61 millions d’euros) pour la réhabilitation et la modernisation des infrastructures et des équipements du CFCO, lequel prévoit d’assurer cette année le transport de plus de 1,6 million de tonnes de marchandises et de 1,3 million de voyageurs.
Autre bonne nouvelle pour Pointe-Noire, la connexion du Congo avec la RD Congo voisine est en passe de se concrétiser. Elle passera par la construction d’un pont sur le fleuve Congo, en aval des deux capitales, Brazzaville et Kinshasa, à environ 30 km au sud de l’île du Diable. Assuré par la Banque africaine de développement (BAD), le financement de l’ouvrage est bouclé. Côté brazzavillois, le pont sera relié à la RN1. Un port sec de 1 000 à 2 000 ha sera en outre construit à l’intersection de la RN1 et du CFCO afin de stocker les marchandises.
Une fois mis en place, ce réseau intermodal devrait rendre à Pointe-Noire son statut de plaque tournante régionale et au pays sa vocation de transit. Avec une nouveauté de taille, le pont entre Brazzaville et Kinshasa, qui élargit l’hinterland du Congo tout en le déplaçant vers le sud. Une première.
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