On avait presque fini par croire qu’il n’existait pas. Lors de la mise en service du Grand collisionneur de hadrons (LHC), à la frontière franco-suisse, en 2008, les scientifiques avaient annoncé que la découverte du boson de Higgs n’était qu’une question de semaines. Finalement, les semaines se sont transformées en années, mais le résultat est là. Ce que certains ont appelé « la particule de Dieu » a enfin été mis au jour, ouvrant ainsi un nouveau chapitre de l’histoire de la physique.
Imaginé au début des années 1960 par Peter Higgs, un physicien britannique, Robert Brout et François Englert, ses collègues belges, le boson est l’élément clé sur lequel repose la théorie du modèle standard de la physique des particules. Il prouve l’existence d’un champ de force invisible, qui donnerait sa masse à chaque objet. Grâce à ce fameux boson, on peut désormais comprendre comment les particules ont pu acquérir une masse au début de notre univers. Lors du Big Bang, son apparition aurait ainsi permis aux particules de s’agglomérer. Sans lui, pas d’étoiles ni de planètes, et encore moins de vie.
Tâche herculéenne
Pour parvenir à le cerner, il a fallu trente années de travail et des milliards d’euros d’investissements, car le boson a la particularité d’être très instable et de disparaître aussi vite qu’il apparaît. Les chercheurs ont donc passé des années à organiser de violentes collisions entre des protons dans l’espoir de l’isoler. La création du LHC, cet anneau de 27 km dans lequel des protons sont projetés les uns contre les autres à une vitesse proche de celle de la lumière, a enfin permis de prouver son existence.
« Sa découverte est aussi importante pour les physiciens que la découverte de l’ADN l’a été pour les biologistes », a expliqué Peter Knight, le président de l’Institut britannique de physique, le 4 juillet. En d’autres termes, les recherches sur le boson de Higgs ne font que commencer et l’on peut s’attendre à d’autres avancées spectaculaires, comme ce fut le cas avec les progrès réalisés grâce aux travaux sur l’ADN.