LE JOUR OÙ – Chaque seconde du déroulé de cette journée est inscrite dans ma mémoire. Pourtant, je suis incapable de me souvenir de sa date précise. C’était une belle journée de juillet 1996. Mes enfants étant en vacances, je décidai, enfin, d’accepter l’invitation du « Guide » libyen Mouammar Kadhafi, que son cabinet avait scrupuleusement renouvelée chaque semaine, pendant six longs mois.
Les tractations avaient traîné en longueur parce que je ne comprenais pas pourquoi ce chef d’État dont le nom était associé à différents scandales et drames – tel l’attentat contre un Boeing 747 à Lockerbie – insistait pour me rencontrer, moi, une simple romancière. Au fil des échanges avec les membres de son cabinet, il m’apparut que Kadhafi était séduit par mon côté femme engagée, militante panafricaine et défenseure de la cause des Noirs. La curiosité finit par avoir raison de mes réticences et je débarquai de nuit à Tripoli, dans un pays dont j’ignorais presque tout.