Côte d’Ivoire – procès des attentats de Bassam : « C’est épouvantable, on a tiré sur des gens qui venaient passer une belle journée »

Alors que s’ouvre, ce mercredi 30 novembre à Abidjan, le procès de l’attentat de Grand-Bassam, témoin, général ou responsables politiques se remémorent, dans un récit croisé, cette journée tragique du 13 mars 2016 qui a fait 22 morts.

Un soldat ivoirien sur la plage de Grand-Bassam, près de L’Étoile du Sud, le 13 mars 2016. © SIA KAMBOU/AFP

Publié le 30 novembre 2022 Lecture : 11 minutes.

Ils étaient en première ligne, ce dimanche 13 mars 2016. Six ans après l’attentat terroriste dans la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam, l’ancien maire de la commune, l’ex-ministre de la Santé, l’ancien directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur d’alors, l’ex-commandant des forces spéciales et un témoin, qui a requis l’anonymat, racontent à Jeune Afrique cette journée qui a marqué tout un pays.

Le procès des assaillants présumés s’ouvre ce mercredi 30 novembre devant le tribunal criminel d’Abidjan. Dix-huit personnes sont poursuivies pour « actes de nature terroriste en relation avec une entreprise collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ». Les audiences doivent s’achever le 22 décembre. Cet attentat a fait 22 morts dont 19 civils, ivoiriens et européens, ainsi que trois militaires.

Un témoin : « Ce dimanche matin, je me trouve dans un bâtiment en face de la plage, de l’autre côté de la route. Nous sommes une dizaine. Les enfants s’amusent à la plage. Il doit être environ 12h30 quand nous sortons. Un groupe de jeunes vient immédiatement à notre rencontre. Ils nous disent qu’il ne faut pas avancer, qu’il faut rester ici. Certains nous parlent d’un braquage en cours, d’autres d’un règlement de comptes, près de l’hôtel L’Étoile du Sud. Ils ont entendu des tirs. Nous sommes à environ 300 mètres de là. »

Georges Philippe Ezaley, maire de Bassam de 2012 à 2018 : « Je suis chez moi, dans mon jardin, à deux rues de L’Étoile du Sud. De manière exceptionnelle, ce dimanche, avec mes adjoints et des conseilleurs, nous avons reçu une délégation étrangère à la mairie. Après notre séance de travail, j’ai invité tout le groupe à mon domicile pour partager un repas. Mon épouse est présente. Nous prenons un verre avant de passer à table. Soudain, un crépitement retentit. Je pense à un feu d’artifice organisé à l’occasion d’un anniversaire. Bassam est une ville de fêtes, ce genre d’événements rythme les week-ends. D’autres crépitements suivent. Jamais l’idée d’une attaque terroriste ne me passe par la tête. À ce moment-là, je me dis qu’il doit s’agir d’un braquage. Je sors de mon domicile. Dans les rues, tout le monde court dans tous les sens. Les gens crient. C’est la panique. »

Général Lassina Doumbia, chef d’état-major général des armées, ancien commandant des forces spéciales* : « J’étais à table avec ma famille, vers 13 heures, quand j’ai reçu un appel du commandant Sekongo [qui est à la tête du Groupe de recherche, d’assistance, d’intervention et de protection] me parlant d’un attaque sur une plage de Grand-Bassam qui s’apparentait à un acte terroriste. J’ai aussitôt entrepris de m’informer un peu plus, quand j’ai eu au téléphone la dame de L’Étoile du Sud. En entendant la description qu’elle m’a faite de la situation, je n’ai plus eu de doute sur la nature de l’acte terroriste. J’ai d’abord demandé au commandant Sekongo de faire mouvement avec ses hommes sur les lieux. Ensuite, j’ai pris mes affaires pour les rejoindre immédiatement. Dans la voiture, j’ai appelé le chef d’état-major général des armées, le général Bakayoko, et le chef du Centre opérationnel interarmées [COIA], le colonel Zanan. »

Vincent Toh Bi, ancien directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko : « Vers 13h15, je suis en route pour rendre visite à des amis à Cocody quand je reçois un coup de fil d’Ipou Félicien Amani, le directeur général de l’Administration du territoire. Il m’appelle pour me faire part d’un rapport urgent du préfet de Grand-Bassam : il y a des tirs et un mouvement de panique sur la plage principale de la ville balnéaire. »

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