RDC : Kabila, la vie après Katumba

Depuis la disparition du plus proche conseiller et ami de Joseph Kabila, Augustin Katumba Mwanke, le cercle des hommes du président a changé.

Joseph Kabila et Raymond Tshibanda (à gauche), son ministre des Affaires étrangères. © Eliot Press

Joseph Kabila et Raymond Tshibanda (à gauche), son ministre des Affaires étrangères. © Eliot Press

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Publié le 16 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

RDC : Mbote changement ?
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RDC : Mbote changement ?

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Jusqu’à son décès le 12 février, il était généralement admis qu’Augustin Katumba Mwanke, très proche du président Joseph Kabila, jouait un rôle fondamental dans les affaires de l’État. C’était, disait-on, un tireur de ficelles dont l’influence lui permettait de « diriger un gouvernement bis », avec l’aval du chef de l’État. Présupposés ou réalité ? Huit mois après la disparition de Katumba, les avis semblent plus nuancés. Certains affirment qu’il n’était pas aussi puissant que cela. Mais lui a-t-on trouvé un remplaçant ? « La fonction qu’il exerçait a éclaté. Il était à la fois le grand frère, l’ami, le confident, le conseiller technique et financier du chef de l’État… Beaucoup de personnes cherchent à lui succéder, mais une telle personnalité est irremplaçable », estime le leader d’un petit parti de la majorité présidentielle.

À en croire l’un des très proches collaborateurs du chef de l’État, l’époque des maîtres à penser est de toute façon révolue. « Le président a beaucoup souffert moralement des allégations selon lesquelles d’autres décidaient à sa place. Pour lui, c’était pire qu’une humiliation. C’est pourquoi il a décidé de reprendre les choses en main. » Cette reprise en main aurait commencé dès les élections de 2011. « Le chef de l’État s’est pleinement investi dans la campagne pour que personne ne puisse prétendre qu’il lui doit sa réélection, même pas Daniel Ngoy Mulunda [le président décrié de la Commission électorale nationale indépendante, NDLR]. Ayant repris l’initiative, le climat s’étant "assaini", Kabila veut être le seul maître à bord : les gens qui comptent ne le doivent plus à l’influence qu’ils exercent sur lui, mais aux fonctions qu’ils occupent ; il écoute, mais la décision lui appartient. »

En 2011, Kabila a "décidé de reprendre les choses en main"

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Est-ce pour bien faire passer le message que Joseph Kabila n’a pas reconduit, à quelques exceptions près, la plupart des ex-ministres chefs de partis de la majorité dans le gouvernement de Matata ? Toujours est-il que plusieurs de ces membres actuels, « nouveaux » ou « reconduits », ont son oreille.

C’est le cas de Raymond Tshibanda Ntungamulongo, 62 ans, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie, un ancien « très écouté par le président », dit-on à Kinshasa. Tout comme Richard Muyej Mangenz, 57 ans, un autre ancien à qui a été confié le stratégique portefeuille de l’Intérieur, ou encore Lambert Mende Omalanga, 59 ans, ministre des Médias, internationalement connu pour ses prises de position lorsqu’il est question de « défendre » la République, notamment dans le différend avec le Rwanda.

Frères et soeurs

Parmi les nouvelles têtes, l’économiste Daniel Mukoko Samba, vice-Premier ministre chargé du Budget, ne passe pas inaperçu. Ancien directeur de cabinet adjoint d’Adolphe Muzito, Mukoko Samba est ministre pour la première fois. Très disert, il ne rechigne pas à passer devant les micros et les caméras afin d’expliquer l’action du gouvernement.

Elue députée fin 2011, Jaynet Kabila, la jumelle de Joseph, reste discrète. Et influente.

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En dehors de cette équipe, quelques autres personnalités proches du chef de l’État sont entrées un peu plus dans la lumière, notamment sur la scène parlementaire, comme Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale. Bien qu’il ne soit pas un poids lourd du parti présidentiel, Minaku a été récompensé pour son attachement sans faille au chef de l’État, qu’il soutenait déjà lors de la campagne pour la présidentielle de 2006, et profite de sa fonction pour mener des actions diplomatiques. On remarque aussi l’affirmation de Jaynet Kabila, 41 ans, la soeur jumelle du président, élue députée lors des dernières législatives et désormais présidente de la Commission des sages de l’Assemblée nationale. Si elle reste discrète, son influence n’en est pas moins réelle. À noter que son adjointe s’appelle… Caroline Bemba, la soeur de Jean-Pierre. Ça ne s’invente pas.

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