Crise malienne : d’où viennent les armes des jihadistes ?

Trafic d’armes et de munitions allaient déjà bon train au Mali. Après avoir chassé l’armée malienne et le MNLA du Nord, les jihadistes n’ont plus eu qu’à se servir…

Membres d’Aqmi, entre Kidal et la frontière algérienne, en octobre 2011. © AFP

Membres d’Aqmi, entre Kidal et la frontière algérienne, en octobre 2011. © AFP

Publié le 8 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Patrouillant dans les villes qu’ils contrôlent à bord de 4×4 équipés de mitrailleuses lourdes, haranguant la population, kalachnikov à la main, les islamistes qui règnent sur le Nord-Mali exhibent leur attirail. Le message est clair : le moment venu, ils s’en serviront. Mais d’où viennent ces armes qui leur ont permis de chasser l’armée malienne, d’évincer le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et d’envisager de résister à une intervention internationale ?

Si la guerre en Libye est systématiquement montrée du doigt, la réalité est plus complexe. Rebelles, jihadistes et bandits n’ont pas attendu la mort de Kadhafi pour prospérer. Bien avant 2012, le Mali était devenu le ventre mou de l’Afrique de l’Ouest, où fleurissaient tous les trafics. Depuis l’Érythrée, le Soudan et le Darfour, via le Tchad puis le Niger ; depuis la Sierra Leone et le Liberia, la fin des guerres civiles a rendu disponibles d’importantes quantités d’armes, via la Guinée ; depuis le sud de l’Algérie, avec des armes volées dans les dépôts du Front Polisario, via la Mauritanie… Les marchands de mort transportent leur cargaison, se servant du Mali comme terrain de passage, mais aussi comme d’un espace de vente, car les clients abondent depuis les années 2000.

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Ainsi, en 2005, les hommes de Mokhtar Belmokhtar attaquent le poste militaire de Lemgheity, en Mauritanie, avec une vingtaine de 4×4, équipés de mitrailleuses lourdes et de lance-roquettes antichars RPG-7 qui ne sortent pas des entrepôts libyens. Et les premières mines antipersonnel utilisées contre l’armée malienne l’ont été, dès 2007, par les hommes d’Ibrahim Ag Bahanga, dans la zone de Tinzaouatène.

Débandade de l’armée malienne

Les armureries des garnisons maliennes constituent elles aussi depuis longtemps des sources d’approvisionnement. Un rapport de la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères du Mali, daté de 2010, quelques mois avant la révolution libyenne, indique que « des armes et des munitions de toutes catégories circulent illicitement dans toutes les régions du pays. Certaines proviennent du trafic illicite, d’autres des stocks nationaux à cause de leur mauvaise conservation et mauvaise gestion ». Dans d’autres cas, les saisies disparaissent, vendues par des membres des forces de sécurité peu scrupuleux.

Avec la débandade de l’armée malienne, islamistes et rebelles du MNLA se sont emparés de stocks importants, aussi bien d’armes légères que de blindés et de l’artillerie : BRDM-2 et BTR-60PB, mortiers ou lance-roquettes multiples BM-21. À Gao, le MNLA avait mis la main sur quelques chars légers PT-76. Même si leur capacité opérationnelle paraît douteuse et que les obus pour leur canon de 76 mm sont en majorité défectueux, tout cet arsenal a été récupéré par les salafistes lors de la déroute des indépendantistes de l’Azawad.

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Grâce à des armes et équipements abandonnés par les forces maliennes, les jihadistes peuvent donc équiper la « piétaille » qu’ils ont formée à la hâte, renforcer leurs capacités et se procurer de quoi fabriquer des engins explosifs. Ces stocks ne sont pas inépuisables, mais il y a d’autres alternatives, beaucoup d’autres…

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Combattants islamistes près de Tombouctou, en avril. © AFP/Romaric Ollo Hien

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