Togo : qui a tué Sylvanus Olympio ? (1/6)

« On a tué le président ! » (1/6). Alors que vient de s’ouvrir le procès des assassins présumés de Sankara, « Jeune Afrique » vous propose de redécouvrir les destins tragiques de six présidents africains assassinés. Aujourd’hui, retour sur la mort du Togolais Sylvanus Olympio dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963.

Sylvanus Olympio en mars 1962 à l’Élysée, avec Jacques Foccart, alors secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines. © Sipa

Sylvanus Olympio en mars 1962 à l’Élysée, avec Jacques Foccart, alors secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines. © Sipa

Christophe Boisbouvier

Publié le 11 octobre 2021 Lecture : 7 minutes.

Sylvanus Olympio, François Tombalbaye, Mohamed Boudiaf, Samuel Doe, Melchior Ndadaye et Laurent-Désiré Kabila. © Montage JA
Issu du dossier

[Série] « On a tué le président ! »

Alors que s’ouvre le procès des assassins présumés de Thomas Sankara, « Jeune Afrique » vous propose de redécouvrir les destins tragiques de six présidents africains, assassinés dans l’exercice de leurs fonctions. Six hommes, arrivés au sommet de l’État dans des circonstances diverses, mais qui ont payé le pouvoir de leur vie.

Sommaire

Sur cette nuit tragique du 12 au 13 janvier 1963, il y a au moins deux certitudes. L’attaque de la résidence du président togolais à Lomé a commencé le soir, à 23 heures. Sylvanus Olympio a été assassiné le lendemain matin, à 7 h 15, devant le portail de l’ambassade des États-Unis, d’où il venait d’être extrait. Entre ces deux événements, il s’est passé huit longues heures où des coups de fil ont été donnés, des ordres transmis… Huit heures sur lesquelles les États-Unis et la France savent beaucoup de choses et continuent, cinquante ans après, de se taire.

Saura-t-on un jour la vérité ? Des témoins ont parlé. Des documents ont été déclassifiés. Si les Togolais le demandent, les archives s’ouvriront. Mais, dès aujourd’hui, il est possible de reconstituer les principaux événements de la nuit.

Insaisissable, comme un savon Unilever

En 1963, qui voulait se débarrasser du père de l’indépendance togolaise ? Les Français, déjà. Pour de Gaulle et Foccart, son conseiller aux affaires africaines, Olympio était le prototype du chef d’État sournoisement anti-Français. D’abord à cause de ses origines. Né à Lomé en 1902, sous la colonisation allemande, formé à la London School of Economics, l’homme était polyglotte (allemand, anglais, français, portugais, yorouba) et avait longtemps travaillé pour la compagnie anglo-néerlandaise Unilever. Jusqu’en 1960, Olympio avait donc incarné ce pays multiculturel que les Français n’avaient pas pu coloniser à leur façon – entre 1919 et 1960, la tutelle du Togo avait été confiée à la France par la Société des Nations (SDN), puis par l’ONU. Et juste après l’indépendance, en mai 1960, le premier président du Togo avait confié à l’AFP : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. »

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