Russie-Afrique : le ministre malgache des Affaires étrangères limogé pour avoir voté contre Moscou

Richard Randriamandranto a été « remercié » pour avoir condamné l’annexion d’une partie de l’Ukraine par la Russie, lors du vote à l’ONU. Un limogeage qui a provoqué la confusion sur la Grande Île.

© Damien Glez

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Publié le 19 octobre 2022 Lecture : 2 minutes.

Russophile, russophobe ou non-aligné : choisis ton camp, camarade. Toute realpolitik bue, l’alternative à trois options peut sembler limpide, notamment pour ces pays africains qui ne veulent pas considérer le conflit en Ukraine comme « leur guerre ». Mais les circonvolutions diplomatiques peuvent se muer en contorsionnisme politique…

Le 2 mars dernier, Madagascar s’abstenait, lors du vote onusien contre l’intervention militaire russe en Ukraine. Soit. Ce 12 octobre, le ministre malgache des Affaires étrangères, Richard Randriamandranto, quittait le camp de la trentaine d’abstentionnistes pour rejoindre les 142 pays condamnant, à l’Assemblée générale de l’ONU, l’annexion d’une partie de l’est et du sud de l’Ukraine par la Russie. Soit.

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Le 18 octobre, le chef de la diplomatie de la Grande Île annonçait avoir été limogé du gouvernement par le président Andry Rajoelina. Soit. L’impression de volte-face diplomatique mise en lumière dans les micro-trottoirs et les forums internet pouvait justifier quelques points sur quelques « i »…

Chaînon manquant

Le mélodrame politicien passé, la question qui se pose n’est pas tant celle de la subordination d’un pays du Sud à un pays du Nord ou celle de la soumission d’un ministre des Affaires étrangères à son chef de l’État, mais plutôt celle de la coordination dans le gouvernement malgache. À l’ONU, le membre du gouvernement aurait décidé sans consentement collectif. Et c’est précisément au niveau du chaînon entre le ministre et le chef de l’État que de la confusion a été ajoutée à la confusion.

Le chaînon, c’est le Premier ministre qui a d’abord déclaré « Madagascar n’a pas du tout changé d’avis, notre politique diplomatique est claire et nous ne pouvons pas prendre parti pour un tel ou tel ». Une rectification claire, jusqu’au moment où Christian Ntsay ajoute, le même jour : « il est légitime que nous prenions cette position et refusions l’atteinte à l’intégrité territoriale d’un pays », arguant que son pays est « également victime d’une occupation illégale » de son territoire.

C’est l’argument qui pourrait subitement disqualifier la disqualification de Richard Randriamandranto, mais sous le prisme d’un exemple cocasse. « L’occupation illégale » d’un territoire malgache qu’évoque le Premier ministre concerne censément le dossier des îles Éparses, pierre d’achoppement entre la France et Madagascar, particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir d’Andry Rajoelina. Si l’on suit donc la logique de Christian Ntsay, il conviendrait, pour dénoncer les abus de la France, de s’aligner derrière cette même France qui est un fer de lance des résolutions onusiennes contre la Russie. Attention, un contorsionniste peut parfois rester bloqué…

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