CMA CGM : du Cameroun au Nigeria, l’opérateur français à l’offensive sur les ports africains

L’entreprise française la plus profitable de 2021 profite de ses milliards pour poursuivre son développement.

Port de Kribi. © Maboup

Publié le 18 novembre 2022 Lecture : 3 minutes.

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Avec le départ de Bolloré Africa Logistics, le fret connaît un accroissement de la concentration de ses acteurs. Dans le même temps, des infrastructures voient leur rayonnement élargi, des routes se construisent et d’autres sont délaissées, au gré des crises mondiales.

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D’une volonté d’investissement dans les médias français à l’entrée au capital d’Air France, en passant par l’acquisition du commissionnaire de transport Gefco bien installé en Afrique du Nord, CMA CGM est sur tous les fronts. Fort de ses excellents résultats – 14,8 milliards de dollars de bénéfices au premier semestre et 17,9 milliards sur toute l’année 2021 – le n°3 mondial du transport de conteneurs a de l’appétit. 

De là à oublier l’Afrique ? « Au contraire », répond Ludovic Rozan, directeur central et responsable des lignes Afriques du groupe CMA CGM. Après deux ans entre parenthèses sur le marché mondial du conteneur, plusieurs armateurs, notamment asiatiques, ont réduit leurs capacités en Afrique pour bénéficier de revenus plus prometteurs ailleurs. « Nous sommes restés et nous avons gagné des parts de marché, notamment au départ du bassin méditerranéen. Et nous sommes plus que jamais décidé à renforcer nos positions », complète Ludovic Rozan.

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Trio de tête

Avec le rachat des derniers armateurs spécialistes du seul marché africain, comme Nile Dutch par l’allemand Hapag-Lloyd, il ne reste plus qu’une demi-douzaine d’armateurs qui proposent une offre complète sur le continent. CMA CGM, qui compte 34 lignes desservant 118 ports, est dans le trio de tête des compagnies maritimes sur le continent. L’armateur français a également de grosses ambitions logistiques, via sa filiale Ceva Logistics présente dans 44 pays sur 54, et désormais Gefco sur l’Afrique du Nord. Les derniers développements dans l’aérien, en partenariat avec Air France, ne concernent pas encore l’Afrique, même si quelques opérations ponctuelles ont été menées sur l’île de La Réunion. 

Côté portuaire, 2023 sera une année importante. À Lekki (Nigeria), où le groupe français, via sa filiale CMA Terminals, s’apprête à recevoir ses tout nouveaux quais, les perspectives sont très favorables. « Il s’agit d’un terminal stratégique pour nous, à moins de 90 km de Lagos, dans un pays à très fort potentiel », précise Ludovic Rozan. Surtout que Lekki sera l’un des rares terminaux en eau profonde de la sous-région, et le seul du Nigeria doté de portiques de quai. Il sera ouvert à tous les armateurs au-delà du groupe français, et plusieurs ont déjà signalé leur intérêt.

Des porte-conteneurs plus grands

En plus des trafics imports-exports liés au Nigeria, CMA CGM se donne entre trois et cinq ans pour faire de Lekki un port de transbordement qui compte, où viendront se croiser les lignes maritimes en provenance d’Asie, d’Europe, voire d’Amérique latine. « Lekki vient apporter une offre logistique complémentaire des autres terminaux de Lagos que sont Apapa et Tincan », précise Ludovic Rozan. Avec un tirant d’eau de 16 mètres, Lekki offre la possibilité à CMA CGM de déployer à son tour des porte-conteneurs plus grands sur la côte ouest-africaine, en mettant sur ses lignes des navires de 11 000, voire 14 000 EVP, contre 9 000 maximum aujourd’hui. 

Le groupe dispose d’un autre terminal en eau profonde à Kribi, au Cameroun, qui lui aussi permettra de positionner des navires de plus grande taille. L’armateur et ses partenaires, Bolloré Africa Logistics (BAL) et CHEC, ont signé le mois dernier avec le port autonome de Kribi (PAK), le lancement de la deuxième phase de développement du terminal, qui sera livrée entre dix-huit et vingt-quatre mois. Depuis deux ans, le terminal tourne à plein. « Nous y avons réaffecté tous nos volumes sur le Cameroun », explique Ludovic Rozan.

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Là où le groupe ne dispose pas de terminal en propre, CMA CGM continuera d’utiliser ceux des autres opérateurs. « Notre objectif reste de desservir les marchés au plus près, en maillant nos lignes pour assurer la meilleure couverture possible. » L’arrivée sur les ports de son grand concurrent MSC, n°1 mondial, en train de finaliser l’acquisition de BAL, ne change pas la stratégie de CMA CGM qui entend jouer la carte du pragmatisme. « L’Afrique sort de toute velléité monopolistique, conclut Ludovic Rozan. De Ndayane au Sénégal à Banana en RDC, de nombreux projets sont portés par des groupes en provenance des pays du Golfe, de Chine ou d’Europe. Cela crée de nouvelles opportunités », conclue Ludovic Rozan. Que CMA CGM compte bien saisir.

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