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L’épave de l’appareil du président Juvénal Habyarimana, tué dans un attentat le 6 avril 1994. © Bouju/AP/Sipa

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Attentat du 6 avril 1994 : retour sur l’enquête de la discorde entre la France et le Rwanda

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Société

Génocide rwandais : le documentaire qui accuse le juge Bruguière

Trous de mémoire, manipulations… Dans « Rwanda, une intoxication française », Catherine Lorsignol démonte l’instruction du juge Jean-Louis Bruguière.

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Mis à jour le 8 avril 2013 à 17:00

Les journalistes belges philippe Brewaeys et Catherine Lorsignol. © D.R.

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Attentat du 6 avril 1994 : retour sur l’enquête de la discorde entre la France et le Rwanda

De 1998 à 2007, le juge Jean-Louis Bruguière a privilégié la thèse d’une implication du Front patriotique rwandais (FPR, tutsi) dans l’attentat du 6 avril 1994 au mépris des nombreux indices qui auraient dû l’inciter à relever la signature des extrémistes hutus. L’enquête de Catherine Lorsignol recense les principales manipulations sur lesquelles reposait cette instruction à sens unique, s’interrogeant parallèlement sur le rôle de divers protagonistes français dont les noms apparaissent dans ce dossier de manière insistante.

Parmi eux, le commandant Grégoire de Saint-Quentin (aujourd’hui général), l’un des seuls militaires non rwandais à avoir inspecté à sa guise le site du crash immédiatement après l’attentat. Plusieurs témoins affirment qu’il y aurait récupéré des pièces à conviction de première importance, ce que Paris n’a jamais admis. Interrogé sur ce point par Catherine Lorsignol, le général Christian Quesnot, ancien chef d’état-major particulier du président français François Mitterrand, invoque un trou de mémoire : « Honnêtement, je ne m’en souviens pas. Je sais qu’il y a des gens qui se sont rendus sur le terrain mais je ne sais pas ce qu’ils ont trouvé. »

« Pourquoi une telle manipulation des autorités judiciaires françaises ? » s’interroge Bernard Maingain, avocat des sept Rwandais toujours mis en examen dans ce dossier. Pour Catherine Lorsignol, cette « intoxication française » a commencé dans l’heure qui a suivi l’attentat, bien avant l’enquête judiciaire instruite au pôle antiterroriste de Paris. « Je pense qu’il y a deux hypothèses, résume-t-elle. Soit il existe une complicité active française dans l’attentat. Soit la proximité de la France avec les auteurs de l’attentat et du génocide l’a incitée à aider à brouiller les pistes au bénéfice de ses alliés. »

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