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Effervescence nigériane

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Culture : effervescence nigériane

Mis à jour le 21 mai 2013 à 17:32

Écrivains, musiciens, plasticiens… Ils sont de plus en plus nombreux à se faire un nom hors du Nigeria, pays d’Afrique le plus peuplé. Un succès qui témoigne d’un formidable bouillonnement intellectuel et artistique.

Un best-seller planétaire vendu à plus de 10 millions d’exemplaires et traduit dans une quarantaine de langues, une trentaine de doctorats honoris causa attribués à travers le monde pour saluer une oeuvre littéraire forte et un homme hors du commun… L’écrivain nigérian Chinua Achebe, considéré comme l’un des pères de la littérature africaine moderne, aura profondément marqué son époque. Décédé à l’âge de 82 ans le 21 mars dernier, l’auteur du fameux roman Le monde s’effondre sera inhumé dans sa terre natale, à Ogidi, le 23 mai prochain. À l’annonce de sa mort, ses compatriotes Wole Soyinka, Prix Nobel de littérature, et le poète J.P. Clark ont salué « un frère, un collègue, un pionnier et un vaillant combattant » et ont regretté la disparition de ce résistant en ce « moment critique de l’histoire du Nigeria où les forces des ténèbres semblent éclipser l’illumination de l’existence que la littérature représente ».

Baroque

Alors que les habitants de l’État de Borno vivent dans la terreur, confrontés à la violence aveugle des adeptes de Boko Haram et des forces de sécurité gouvernementales (voir J.A. no 2728), que tous, Nigérians du Nord comme du Sud, doivent faire face à une répartition de la manne pétrolière inégale et à une corruption endémique, les intellectuels, hommes et femmes de lettres, plasticiens, musiciens… n’ont pas baissé les bras. Ils luttent pour que les lumières terrassent le fanatisme religieux et l’égoïsme du libéralisme économique, pour que le pays le plus peuplé d’Afrique prenne toute la place qu’il mérite d’occuper sur le continent.

Engagés dans le monde dans lequel ils vivent, des artistes reconnus internationalement comme Yinka Shonibare, Helen Oyeyemi, Femi Kuti ou encore Sefi Atta et Chimamanda Ngozi Adichie se nourrissent de la mondialisation, digèrent les apports culturels qui s’offrent à eux, qu’ils soient occidentaux ou africains, pour réinventer un Nigeria créatif, baroque, combatif, et pour affirmer haut et fort qu’on ne saurait laisser le futur aux seuls appétits voraces.