Pour lui, les quinze mois à venir s’annoncent périlleux. Sans doute plus que les dix années écoulées depuis son élection à la présidence de la République. À quelques encablures du terme de son second mandat, Macky Sall devra en effet tenir compte des avertissements reçus au cours des derniers mois et slalomer entre les écueils s’il veut parvenir à la présidentielle de février 2024 dans les meilleures conditions possible pour lui et son parti.
Longtemps, le chef de l’État aura dominé les différentes élections, fort d’une coalition présidentielle regroupant quatre des six principaux partis du pays. En 2017, lors des législatives, Benno Bokk Yakaar (BBY) avait ainsi obtenu la majorité absolue à l’Assemblée nationale (125 sièges sur 165). Et en 2019, Macky avait assommé ses adversaires à la présidentielle dès le premier tour (58,26 %).
Bilan mitigé
Mais en 2022, le scénario a changé. Maintes fois repoussées, les élections locales (vouées à la désignation des maires et des conseillers départementaux) se traduisaient, le 23 janvier, par un bilan nettement plus mitigé pour la mouvance présidentielle. S’il est vrai que Benno Bokk Yakaar a pu se prévaloir d’une large majorité de collectivités locales remportées, ce chiffre ne saurait pour autant faire illusion : dans plusieurs bastions de première importance, de Dakar à Thiès en passant par Guédiawaye ou Ziguinchor, l’opposition s’est taillé la part du lion.
Comme le confiait alors à JA Ndiaga Sylla, le directeur général du cabinet d’expertise électorale Ceelect, « s’il est vrai que la coalition BBY remporte une large majorité de circonscriptions électorales, elle n’obtient pas pour autant la majorité absolue, au plan national, en nombre de suffrages ».