Quel point commun entre Lula da Silva, l’ancien président du Brésil, Tiken Jah Fakoly, le reggaeman ivoirien, et Anzoumane Sissoko, le défenseur des sans-papiers en France ? Aucun, a priori. Le 23 mai cependant, au siège de l’Unesco, à Paris, ces personnalités sont les premiers récipiendaires d’un titre de transport insolite : le passeport de citoyenneté universelle. « C’est un grand honneur, se réjouit Albert Tévoédjrè, le médiateur de la République du Bénin, qui figure parmi les heureux élus. Je ne suis que l’un des millions de militants qui se battent pour le droit et le respect de la personne humaine. »
Attribué par l’association Organisation pour une citoyenneté universelle (OCU, cofondée notamment par Emmaüs International), ce passeport garantit à ses détenteurs le droit de circuler et de s’installer partout dans le monde, conformément à l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. En principe seulement. Car dans les faits, un seul État reconnaît ce passeport : l’Équateur. En Europe, l’idée même d’une libre circulation mondiale a du mal à passer.
Migrations = richesses
« Il faut rétablir la vérité sur les migrations, explique Stéphane Melchiorri, responsable des actions politiques chez Emmaüs. Contrairement à ce que croient certains États, elles ne freinent pas le développement des pays. Il est temps que les Nations unies organisent une conférence mondiale sur le sujet. »
En attendant, cent passeports seront remis dans les prochains mois à des personnalités politiques ou appartenant au monde des arts et de la culture. Le passeport numéro un sera attribué – à titre posthume – à l’un des plus fervents militants des droits de l’homme : Stéphane Hessel, décédé le 27 février dernier.