Le 10 juin, le Conseil national de la presse (CNP), organe de régulation en Côte d’Ivoire, a annoncé la suspension de 34 entreprises éditant près d’une quarantaine de journaux et de magazines. Parmi ces derniers figurent L’Intelligent d’Abidjan (titre indépendant) et Le Nouveau Courrier (proche de l’opposition). En cause ? Le non-respect de la réglementation en vigueur. Celle-ci impose notamment la détention d’une carte de journaliste par le rédacteur en chef et son adjoint ainsi que l’instauration d’une grille de salaires conforme à la convention collective. À la suite d’un audit réalisé par le CNP entre octobre 2012 et mars 2013, tous les organes avaient jusqu’au 31 mai pour se conformer aux règles.
Rappelant « l’autonomie et l’indépendance » de son organisation, Raphaël Lakpé, président du CNP, assure : « Ce n’est pas une répression. Ce sont des mesures qui visent à professionnaliser le secteur. Les suspensions ne sont ni définitives ni sans recours. »
Un point de vue que partage Venance Konan, directeur général du quotidien d’État Fraternité Matin, dont l’éditeur a été déclaré « en règle », ainsi que huit autres. « C’est une manière d’assainir le secteur, dit-il. Beaucoup de journaux fonctionnaient en marge des réglementations, certains ne payant même pas leurs journalistes. »
Dans le rang
Alafé Wakili, directeur général de L’Intelligent d’Abidjan, défend lui aussi le bien-fondé de la mesure tout en émettant quelques réserves sur la méthode. « Notre suspension, immédiatement applicable, nous a été signalée à 16 heures, alors que nous étions prêts à paraître le lendemain. Nous aurions pu être prévenus au moins vingt-quatre heures à l’avance pour prendre nos dispositions », explique-t-il, assurant que son journal va bientôt déposer les documents manquants.
Vingt-six autres entreprises ont été mises en demeure, sans être suspendues. Répondant à 75 % des critères, elles ont jusqu’au 25 juin pour rentrer totalement dans le rang. L’Éléphant déchaîné, journal satirique, en fait partie. « Nous sommes les premiers à critiquer le fonctionnement de l’État. Si nous ne nous conformons pas nous-mêmes à la loi, nous ne pouvons pas être crédibles », assure Tiémoko Antoine Assalé, son patron.