Au fil des nombreuses auditions de François Beya s’est esquissé le portrait d’un sécurocrate indispensable aussi bien à Kinshasa que pour les services de renseignements étrangers. « Les documents que nous avons eus à votre domicile ont révélé que vous avez été désigné membre de la CIA », lui lance ainsi l’un des enquêteurs. « Je ne suis pas membre de la CIA, mais il existe une collaboration entre services », admet l’intéressé.
« Fantomas » est en effet un rouage essentiel de la collaboration entre les pays de la région. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, à l’issue de son arrestation, le 5 février, Denis Sassou Nguesso, Faure Essozimna Gnassingbé ou encore Paul Kagame ont cherché à s’enquérir de sa situation. Ces présidents ont tous dépêché des émissaires à Kinshasa.
Au Rwanda, l’ex-conseiller en sécurité était un interlocuteur privilégié du chef d’état-major, Jean Bosco Kazura, du patron des renseignements, Joseph Nzabamwita, et du conseiller en sécurité de Paul Kagame, James Kabarebe. Mais ce sont plutôt les échanges entre ce dernier et Guy Vanda, secrétaire particulier de Beya, qui intéressent les enquêteurs.