Tunisie – États-Unis : « Il y a une surenchère des deux côtés »

La concentration croissante des pouvoirs entre les mains de Kaïs Saïed provoque bien des remous avec Washington. Décryptage avec Youssef Cherif, directeur du centre régional de l’université Columbia à Tunis.

Youssef Cherif, directeur du centre régional de l’université Columbia à Tunis. © DR

Publié le 4 août 2022 Lecture : 5 minutes.

Depuis le coup d’État constitutionnel conduit par Kaïs Saïed le 25 juillet 2021, les États-Unis rappellent régulièrement leur soutien au peuple tunisien et mettent en garde contre une sortie de la piste démocratique. Après l’adoption, le 25 juillet 2022, d’une nouvelle Constitution par voie référendaire mais sans seuil électoral, la diplomatie américaine a de nouveau fait entendre sa voix.

Tour à tour, le porte-parole de la Maison-Blanche, Ned Price, puis Joey Hood, nouvel ambassadeur des États-Unis en Tunisie (non encore accrédité), ont relevé des insuffisances dans la nouvelle Constitution, qui met à mal les contre-pouvoirs et le respect des droits humains.

À ces voix s’est jointe le 28 juillet celle du secrétaire d’état américain Antony J. Blinken, qui prend acte de « la consolidation du pouvoir exécutif et de l’affaiblissement des institutions indépendantes » depuis le 25 juillet 2021 et s’inquiète de la faible participation au référendum tout en exhortant les autorités tunisiennes à entamer des réformes sur un mode inclusif.

Il affirme que « les États-Unis continueront d’utiliser tous les outils à leur disposition pour aider le peuple tunisien à forger un gouvernement démocratique et responsable ». Colère du président Kaïs Saïed, qui dénonce une ingérence, de concert avec la société civile et les partis. D’autant que la feuille de route présentée au Sénat par l’ambassadeur Joey Hood comporte un passage sur « la normalisation des relations diplomatiques et économiques avec l’État d’Israël ». Pour les Tunisiens, la coupe est pleine.

Le communiqué d’Antony Blinken vaut à la chargée d’affaires américaine Natasha Franceschi d’être convoquée le jour même par le ministre tunisien des Affaires étrangères, Othman Jerandi, tandis que certains suggèrent au président Saïed de refuser les lettres de créances de Joey Hood. Reste que ces tensions pourraient peser sur les négociations en cours entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI) pour l’octroi d’un prêt. Les États-Unis ont réduit de moitié leur aide militaire et retiré la garantie de 500 millions de dollars accordée à la Tunisie en 2014. L’analyste politique et directeur du centre régional de l’université Columbia à Tunis, Youssef Cherif, décrypte la situation.

Jeune Afrique : La position américaine à l’égard de la Tunisie s’inscrit-elle dans le contexte de la confrontation des États-Unis avec la Russie ou la Chine ?

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