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Tel le phénix, l’hôtel Galawa est en passe de renaître de ses cendres. Lové dans un amour de baie, au nord de l’île de Grande Comore, cet établissement de grand standing a été, pendant vingt ans, le fleuron touristique des Comores. À lui seul, il plaçait l’archipel sur la carte des grandes destinations touristiques du continent. Jusqu’à ce qu’il ferme ses portes en 2002 et soit rasé, sept ans plus tard, sur décision présidentielle.
Le Galawa Beach Hotel, comme il est baptisé lors de son inauguration en janvier 1989, a toujours suscité la plus grande attention de la part du pouvoir politique comorien. Outil du rapprochement diplomatique entre les Comores du mercenaire Bob Denard et l’Afrique du Sud de l’apartheid jusqu’à l’assassinat du président Ahmed Abdallah, en novembre 1989, il résume les soubresauts de la grande histoire de l’archipel indépendant, de 1975 au début des années 2000.
La valse des repreneurs
Depuis vingt ans, les tentatives pour tenter de redonner vie à ce palace ont été aussi nombreuses qu’infructueuses. Les gouvernements successifs des Comores n’ont en effet eu de cesse de chercher le repreneur éventuel qui saura succéder aux opérateurs historiques, les Sud-Africains de Sun International, accompagnés des Suisses de Sofitour, à l’origine du Galawa.
Les Mauriciens de Rogers Aviation ont un temps étudié le dossier, avant de se retirer pour laisser la place à Dubaï World qui, malgré son intérêt, a été contraint à son tour de jeter l’éponge après la crise financière de 2008. La Qatar National Hotels Company hérite du dossier, mais s’en trouve déposséder quelques années plus tard par la présidence comorienne, alors en phase de rapprochement avec les rivaux saoudiens et émiratis.
Ce sont d’ailleurs ces derniers qui récupèrent le Galawa, à travers Armada Holding, du richissime Mohammed Rahif Hakmi. Un contrat de construction est signé en 2017 et la première pierre d’un futur complexe cinq étoiles est même posée l’année suivante, en présence du président comorien Azali Assoumani, élu quelques mois plus tôt. Lassé d’attendre l’avancée d’un chantier qui ne démarre pas, ce dernier prend pourtant la décision de suspendre le contrat, à la fin de 2020.
Un projet à 60 millions de dollars
Il faut dire qu’entre temps, à l’occasion de la réunion des bailleurs organisée à Paris en décembre 2019, de premiers contacts ont été établis avec le groupe Elsewedy Electric, basé au Caire. Un contrat sous forme de partenariat public-privé est signé un peu plus tard entre le gouvernement comorien et Rowad Modern Engineering, la filiale BTP du groupe égyptien.
Moroni s’engage à trouver auprès de l’Afreximbank (la banque africaine d’import-export) les 60 millions de dollars nécessaires au projet, que Rowad Modern Engineering devra réalisera en dix-huit mois après le démarrage des travaux, lesquels devraient commencer d’ici à la fin de cette année, le gouvernement comorien ayant provisionné depuis plus d’un an une première tranche de 7 millions de dollars.
Discussions avec Mariott
Le Galawa devrait donc enfin rouvrir ses portes toute neuves aux environ de juin 2024. La nouvelle version du palace ne comptera « que » 110 chambres, suites et villas – contre plus de 360 lits à la grande époque –, mais l’établissement disposera des meilleurs équipements, à commencer par trois restaurants et une vue imprenable sur les flots bleus… avec la maison de feu Bob Denard en arrière-plan.
Pour gérer son futur joyau, le gouvernement comorien est en discussion avec Marriott International. La décision devrait être annoncée dans les prochains mois par le groupe américain, qui apporterait alors aux Comores les recettes que l’hôtelier applique déjà avec succès à travers le monde, notamment à Maurice et aux Seychelles. Des exemples à suivre si l’archipel comorien aspire à retrouver un peu de sa grandeur touristique passée.