Maroc-Algérie : messages croisés de Mohammed VI et d’Abdelmadjid Tebboune

Les deux chefs d’État se sont successivement et longuement exprimés les 30 et 31 juillet, Mohammed VI à l’occasion du traditionnel discours du Trône, Abdelmadjid Tebboune lors d’une interview à la chaîne nationale.

Abdelmadjid Tebboune et le roi Mohammed VI. © Montage JA : JACQUELYN MARTIN/AFP ; Moroccan Royal Palace/AFP

Publié le 1 août 2022 Lecture : 3 minutes.

Comme l’an dernier, c’est par un discours retransmis à la télévision que le roi Mohammed VI s’est adressé aux Marocains à l’occasion de la Fête du Trône. Un dispositif justifié par la « la poursuite des mesures préventives imposées par l’évolution de la situation sanitaire due à la pandémie de Covid-19″, a fait savoir le 22 juillet le ministère marocain de la Maison royale. Toutes les activités, festivités et cérémonies prévues à l’occasion de cette 23ᵉ Fête du Trône ont donc été reportées.

En faisant allusion à la pandémie mondiale et à la guerre russo-ukrainienne, le souverain a lancé son discours en appelant les Marocains à faire preuve « d’esprit d’initiative et de résilience ». Mohammed VI a ensuite consacré le début de son discours à la réforme du statut de la femme. Il a cité, à son actif, « la promulgation du Code de la Famille et l’adoption de la Constitution de 2011 qui consacre l’égalité homme-femme en droits et en obligations », avant d’appeler à « l’opérationnalisation des institutions constitutionnelles concernées par les droits de la famille et de la femme ».

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Dans ce discours à forte tonalité sociale – alors que le chef du gouvernement Aziz Akhannouch fait face à une contestation sur fond d’inflation –, Mohammed VI s’est félicité des actions entreprises : campagne de vaccination efficace, généralisation de la protection sociale, extension de l’Assurance médicale obligatoire. Il a également annoncé pour la fin 2023 la mise en œuvre du « projet de généralisation graduelle des allocations familiales ». Mohammed VI a par ailleurs appelé « à la consolidation des mécanismes de solidarité nationale, à la lutte déterminée et responsable contre les spéculations et la manipulation des prix ».

Le roi du Maroc n’a pu éviter le sujet de la crise avec l’Algérie, avec qui les liens diplomatiques sont rompus depuis juillet 2021. Il a ainsi affirmé que les frontières qui séparent les deux peuples « frères », et dont il déplore la fermeture, « ne seront jamais des barrières empêchant leur interaction et leur entente ».

« Les allégations selon lesquelles les Marocains insulteraient l’Algérie et les Algériens sont le fait d’individus irresponsables qui s’évertuent à semer la zizanie entre les deux peuples frères », a ajouté le souverain marocain. Dans une déclaration en forme d’appel au président algérien Abdelmadjid Tebboune, M6 a affirmé souhaité « l’établissement de relations normales » entre les deux pays.

Palestine, détenus d’opinion…

Le chef de l’État algérien s’est exprimé un jour après son homologue marocain. Sans citer directement son voisin, et en évoquant l’organisation du prochain sommet de la Ligue arabe à Alger en novembre, Abdelmadjid Tebboune a assuré que l’Algérie « n’a de problème avec aucun pays arabe et respecte tous les États ». Alors qu’Alger reproche à Rabat d’avoir normalisé ses relations avec Israël en 2021, le président algérien a indiqué que « sans unité et sans unification des rangs, l’indépendance de la Palestine ne saurait être réalisée ».

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Dans une volonté de prendre le contre-pied de la diplomatie marocaine, Alger a multiplié ces derniers mois les contacts avec les organisations palestiniennes, qu’il s’agisse de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas ou du Hamas de Ismaïl Haniyeh.

Les deux responsables palestiniens se sont d’ailleurs retrouvés à Alger à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire de l’Indépendance le 5 juillet, sous les auspices d’Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier a évoqué l’organisation d’une conférence sur la Palestine à Alger avant la tenue du sommet arabe. Il a également cité le cas de la Syrie, dont le retour au sein de la Ligue arabe fait l’objet d’un intense lobbying de la part d’Alger.

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Sur le chapitre de la politique intérieure, Abdelmadjid Tebboune a contesté les cas de « détenus d’opinion » dans les prisons algériennes, parlant même de « mensonge du siècle ». Le président algérien a également confirmé que le processus de régularisation de la situation d’ex-dirigeants du FIS, le mouvement islamiste dissous en 1992, s’inscrivait dans le prolongement de la loi sur la Concorde civile soumise par Abdelaziz Bouteflika et adoptée en 1999.

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