L’entreprise Tantalex Lithium, sise au Canada, envisage de lever des fonds, à hauteur de 15 millions de dollars, d’ici au début de l’année 2023. Objectif : être opérationnelle en RD Congo et y poursuivre ses missions d’exploration. Cet apport pourrait venir d’un négociant ou d’un investisseur stratégique, confie son PDG, Éric Allard, à The Africa Report. Tantalex étudie aussi les moyens de sécuriser des prêts bancaires et de lancer un petit financement par actions.
Les fonds ainsi levés serviraient à financer la construction d’une mine sur le site principal du projet, Manono Tailings (sud-est de la RDC), riche en lithium, en tantale et en étain.
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Sur place, les opérations d’exploration se poursuivent. Une estimation des ressources sera faite à la mi-septembre et une décision finale d’investissement devrait être prise en 2023. La production pourrait commencer à la fin de 2024 ou au début de 2025, ce qui, précise le PDG de Tantalex, coïnciderait avec le pic attendu de la demande mondiale de lithium.
832 % d’augmentation
Le lithium est un composant essentiel des batteries des véhicules électriques, des éoliennes et des panneaux solaires. Ses prix sont montés en flèche, cette année, car le niveau du baril de brut a provoqué l’accélération du déploiement de politiques de transport à zéro émission.
Ainsi, le prix du carbonate de lithium de qualité sur le marché intérieur chinois a crû d’environ 832% depuis le début de 2021, et pourrait continuer de grimper, estime Susan Zou, analyste en chef chez Rystad Energy.
La demande mondiale de lithium devrait sextupler d’ici à 2030, en raison du changement climatique et de l’essor du marché des véhicules électriques, ajoute Éric Allard.
Travaux d’assainissement
L’activité minière à Manono avait été lancée par les colons belges, en 1913. On trouve encore sur place des résidences mal entretenues qui témoignent de cette présence, raconte Éric Allard, qui a vécu cinq ans au Congo et un an en RDC. Certains tronçons de la route qui relie Manono à Lubumbashi deviennent difficile à emprunter pendant la saison des pluies, et plusieurs ponts devront être réparés. Éric Allard espère parvenir à un accord avec le gouvernement congolais, partenaire (minoritaire) au projet. « Il est évidemment dans son intérêt que la voirie soit réparée », affirme-t-il.
L’entreprise a investi 10 millions de dollars dans un site plus petit, à Lubule, où l’on trouve du tantale et de l’étain. Les composants électroniques (tels que les turbines de moteur et les semi-conducteurs) contiennent du tantale. L’étain, lui, est utilisé pour protéger les placages et revêtements de la corrosion.
Procédure
Autre étape nécessaire au développement des activités de Tantalex en RDC : la transformation de son permis d’exploration en un permis d’exploitation minière. Le processus « dépend d’une décision judiciaire », souligne Éric Allard, selon qui il faudra attendre « quelques jours ou quelques semaines » pour être fixé.
Un début de production à Lubule montrerait aux investisseurs que Tantalex peut travailler dans la région et que ses rentrées d’argent seront susceptibles de financer de nouvelles opérations d’exploration.
Tantalex partagera l’exploitation avec l’Australien AVZ Minerals. Dans le Corridor de Pegmatite, c’est ce dernier qui possède « les meilleures ressources en lithium au monde », dit Allard. Le permis de Tantalex couvre les zones de surface, où les coûts d’exploitation seront faibles, tandis qu’AVZ possède les droits d’exploitation souterraine. La région présente « un fort potentiel », conclut Allard, qui espère « de nouvelles découvertes ».