Congo : victoire écrasante du parti présidentiel

Le Parti congolais du travail (PCT) sort grand gagnant du premier tour des législatives, en renforçant sa majorité. Le second tour est prévu pour le 31 juillet.

Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo depuis 1997, dépose son bulletin de vote, en mars 2021. © Reuters/Olivia Acland

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Publié le 18 juillet 2022 Lecture : 4 minutes.

Mieux valait ne pas être insomniaque pour ceux qui voulaient connaître en direct les résultats du premier tour des élections législatives, qui s’est tenu le 10 juillet en République du Congo. En effet, il était plus de 2 heures dans la nuit du 15 juillet quand Guy Georges Mbaka, le ministre de l’Administration du territoire, a égrené un à un les chiffres collectés qui, au rythme des 151 circonscriptions, ont mené le pays jusqu’aux premières lueurs de l’aube.

Le Congo s’est donc réveillé comme il s’était endormi la veille, avec une très forte majorité du Parti congolais du travail (PCT) au Parlement. Le parti présidentiel et ses alliés ont étouffé tout enjeu en remportant 103 sièges dès le premier tour. Leur majorité à l’Assemblée nationale est assurée d’être encore un peu plus absolue avec – déjà – quatre députés de plus que lors de la dernière législature. Face à la machine PCT qui fait carton plein dans les cinq départements du Nord, l’opposition réussit, à l’issue de ce premier tour, à camper sur quelques-unes de ses positions dans le Sud. L’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) conserve quatre des huit sièges acquis en 2017 dans le Niari et la Bouenza, l’Union des démocrates humanistes (UDH-Yuki), trois des huit circonscriptions obtenues alors dans le Pool et la capitale.

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Scores soviétiques

Autre ligne de divergence électorale pour le pays, le taux de participation : considérable dans le Nord, bien plus modeste dans le Sud. Selon les chiffres annoncés par les services du ministère de l’Administration du territoire, 59,77 % des Congolais inscrits se sont déplacés à l’échelle nationale quand ils n’ont été que 36,7 % et 37,2 % respectivement à Brazzaville et à Pointe-Noire, les deux principales agglomérations du pays. Il convient de saluer au passage l’effort de transparence réalisé par le ministre Mbaka et le gouvernement congolais, qui n’avaient pas estimé utile de publier les chiffres de participation au scrutin de 2017.

Portés par la vague PCT qui a déferlé dans le Nord, 19 des 21 ministres en lice ont déjà validé leur ticket, notamment ceux qui n’avaient aucun adversaire face à eux. C’est le cas pour le chef de gouvernement, Anatole Collinet Makosso, à Pointe-Noire et ses collègues, Jean-Jacques Bouya, Pierre Mabiala, Inès Ingani, Raymond Mboulou ou encore Gilbert Ondongo, conseiller à la présidence, tous candidats uniques dans leur circonscription et élus avec des scores aussi soviétiques qu’anecdotiques. C’est également le cas pour le ministre de la Coopération internationale et fils du président, Denis Christel Sassou Nguesso, ainsi que ses sœurs Claudia à Brazzaville et Stella dans le Pool. Au sein de la famille du chef de l’État, seule Andréa a échoué dans la capitale, mais elle se présentait sous l’étiquette indépendante. En tout, 25 candidats ont été élus sans avoir à livrer bataille.

Même face à des concurrents, la plupart des ministres l’ont emporté dès le scrutin du dimanche 10 juillet, comme Jean-Marc Thystère-Tchicaya, Aimé Bininga, Rosalie Matondo et Arlette Soudan-Nonault*, ainsi que le seul ministre non PCT, Honoré Sayi. Thierry Moungalla s’est également imposé à Sibiti, après avoir connu quelques frayeurs. Deux ministres sont en ballotage, favorable pour Antoine Fylla de Saint-Eudes qui a obtenu 37 % dans le Pool, défavorable pour Jacqueline Mikolo dans la Bouenza qui, avec 22 %, arrive loin derrière les 49 % obtenus par Claudine Munari, ex-dir-cab de l’ancien président Pascal Lissouba puis ministre sous Denis Sassou Nguesso, avant d’être l’égérie de l’opposition.

Portés disparus

Au rayon des personnalités du camp présidentiel portées disparues dès le premier tour de piste, il faut citer Euloge Landry Kolélas, qui a sombré face à son jeune frère Juste Ntoumi Kolélas à Kinkala district, anciennement détenu par leur aîné, Guy-Brice Parfait, fondateur de l’UDH-Yuki, décédé en mars 2021. En plus d’avoir échoué à amener le fief familial dans le giron de la majorité présidentielle, Euloge Landry voit son Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI) menacé de disparaître de la carte électorale congolaise, puisque seule sa sœur Théodorine a réussi à se qualifier pour le second tour. En revanche, l’UDH-Yuki s’en sort avec les honneurs, avec trois députés déjà confirmés à Kinkala et dans la capitale. Tout comme l’Upads, bien partie pour conserver la main sur l’opposition dans la foulée de la victoire de ses leaders, Pascal Tsaty Mabiala et Jérémy Lissouba, ainsi donc que du ministre Honoré Sayi, « mis en réserve » un temps par son parti.

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D’après les centaines d’observateurs présents, les opérations de vote se sont généralement bien déroulées, sauf dans une douzaine de circonscriptions. Des violences ont ainsi eu lieu dans la Cuvette et la Bouenza, notamment à Mouyondzi où se sont affrontés les supporters surchauffés de Jacqueline Mikolo et de Claudine Munari. Des irrégularités ont également été constatées dans quelques bureaux de vote, alors que des soupçons de fraude planent sur d’autres. La date du second tour de ces élections a été annoncée pour le 31 juillet, une semaine après le vote des forces de l’ordre.

*Par ailleurs épouse du directeur de la rédaction de Jeune Afrique.

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