Société

Génocide des Tutsi au Rwanda : la perpétuité requise en France contre l’ex-préfet Laurent Bucyibaruta

La réclusion à perpétuité a été requise ce vendredi 8 juillet contre l’ex-préfet de Gikongoro. Les avocats de la défense plaideront lundi, avant le verdict attendu le mardi 12 juillet.

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Mis à jour le 10 juillet 2022 à 16:08

Croquis d’audience : Laurent Bucyibaruta, jugé pour génocide à Paris, le 9 mai 2022. © AFP/Benoit Peyrucq

Les représentantes du Parquet national antiterroriste (Pnat) ont requis, ce vendredi 8 juillet, la réclusion criminelle à perpétuité contre l’ex-préfet rwandais Laurent Bucyibaruta, jugé depuis le 9 mai devant la cour d’assises de Paris pour génocide. Ils estiment qu’il a « failli à son devoir » de protéger les Tutsi de sa préfecture alors qu’il « avait des moyens d’agir ».

Cet ancien haut-fonctionnaire a été « un rouage incontournable sans lequel la machine meurtrière n’aurait pas pu être mise en œuvre », a estimé l’accusation, réclamant sa condamnation non seulement comme complice mais aussi comme « auteur principal » du « crime des crimes ».

Laurent Bucyibaruta, préfet de Gikongoro entre 1992 et juillet 1994, est jugé pour génocide, complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité. L’ancien préfet nie ces accusations.

« Il a en conscience exécuté les directives »

La province de Gikongoro, région du sud du Rwanda où les Tutsi représentaient 17 % de la population contre 12 % au plan national, a été l’une des plus touchées par le génocide visant cette minorité, qui a fait au moins 800 000 victimes selon l’ONU.

Les deux avocates générales ont retenu contre Laurent Bucyibaruta la « complicité par aide ou assistance » pour le massacre d’environ 25 000 réfugiés tutsi dans la paroisse de Kibeho le 14 avril 1994, où, « conscient de la situation, il a laissé faire ».

Elles le considèrent comme « auteur » de génocide pour les tueries des 21 et 22 avril dans une école en construction de Murambi, à Cyanika et à Kaduha, où quelque 75 000 personnes ont trouvé la mort.

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« Il a en conscience exécuté les directives qui lui ont été données par le gouvernement intérimaire » et les a ensuite « répercutées à tous les maillons de la chaîne administrative », ont-elles justifié.

L’avocate générale, Sophie Havard, a résumé : « Cet homme n’a tué aucune personne » de ses mains « mais il a sur lui le sang de toutes les victimes tuées à Gikongoro ».

Les avocats de la défense plaideront lundi, et le verdict sera rendu ce mardi 12 juillet.

Avec AFP