Politique

Algérie – Présidence de la Fédération de football : pourquoi Djahid Zefizef part favori

À la veille de l’élection du président de la Fédération algérienne de football (FAF), le 7 juillet, tout les voyants sont au vert pour Djahid Zefizef. À moins que son unique concurrent, Abdelhakim Serrar, ne crée la surprise.

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Mis à jour le 6 juillet 2022 à 16:56

Djahid Zefizef a été élu président de la FAF le 7 juillet 2022. © DR

Les temps changent, en Algérie. Dans un passé récent, en 2017 et en 2021, Kheireddine Zetchi et Charaf-Eddine Amara avaient été élus à la présidence de la Fédération algérienne de football (FAF) dans un fauteuil, puisqu’ils étaient les seuls candidats en lice.

Cette année, la démission de Charaf-Eddine Amara, à la fin du mois de mars, quelques semaines après l’élimination des Fennecs en Coupe du monde par le Cameroun (0-1, 2-1), provoque la tenue d’un nouveau scrutin. Il opposera Djahid Zefizef, le manager des équipes nationales, à Abdelhakim Serrar, le président de l’Entente Sportive de Sétif, l’un des meilleurs clubs du pays.

Abdelhakim Serrar, 61 ans, est bien connu des familiers du football algérien. Cet ancien défenseur central a évolué à l’ES Sétif ainsi que dans deux formations tunisiennes, l’Étoile du Sahel et l’Olympique du Kef. Quinze fois international, il a remporté la CAN 1990 à Alger. Une fois sa carrière achevée, en 1995, Serrar a entamé sa reconversion en tant que dirigeant, jusqu’à devenir le président du club de Sétif.

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Sous sa direction, « l’Aigle noir » a remporté dix trophées, dont le championnat d’Algérie (2007, 2009, 2012), la coupe d’Algérie (2010, 2012) et la Ligue des champions arabes (2007, 2008). En 2018, Ali Haddad, alors président de l’USM Alger, l’avait nommé à la présidence du directoire de son club, mais Serrar est revenu il y a deux ans dans sa ville natale de Sétif, pour y prendre la tête du club.

Reconversion réussie

Sa candidature à la présidence de la FAF a été annoncée après l’Assemble générale ordinaire du 16 juin dernier. « Comme Mohamed Raouraoua, l’ancien président de l’instance, dont on évoquait avec insistance le retour aux affaires, ne s’est finalement pas présenté, Serrar s’est lancé. Il est considéré comme assez proche de Raouraoua, sans pour autant faire partie de son premier cercle », précise le dirigeant d’un club de Ligue 1 sous le couvert de l’anonymat.

« Il est d’usage que les candidats ne s’expriment pas dans la presse avant l’élection. Je vous parlerai avec plaisir après celle-ci, si je suis élu », a répondu Abdelhakim Serrar à Jeune Afrique, qui souhaitait connaître les raisons qui le poussent à se jeter dans la bataille. L’ancien défenseur de Sétif pourra compter sur le soutien de Lakhdar Belloumi et de Tedj Bensaoula, deux membres historiques de la sélection algérienne des années 1980, qui ont accepté de faire partie de son équipe.

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« Le contexte est très tendu, vous aurez du mal à trouver une personne qui acceptera de s’exprimer ouvertement », prévient un familier des coulisses de la Fédération. Le pouvoir politique n’est en tout cas pas étranger à la validation de la candidature du président de l’ES Sétif.

« Raouraoua, puis Zetchi et Amara, ont été élus sans avoir d’adversaire face à eux. Avec deux candidats cette fois-ci, le scrutin semble un peu plus démocratique. Cela prouve aussi que Serrar a quelques appuis au plus haut niveau, même si Zefizef part favori. Si le pouvoir politique ne jouait aucun rôle, Serrar aurait toutes ses chances. Mais, face à un adversaire qui est un cadre de l’État, et qui est donc soutenu officieusement par ce dernier, les choses s’annoncent compliquées pour lui », poursuit notre source.

Belmadi faiseur de roi ?

Le président de l’ES Sétif, qui est également à la tête de deux entreprises de BTP, ne laisse personne indifférent. Habitués à ses coups de gueule dans la presse ou sur les plateaux de télévision, les Algériens lui reconnaissent un certain professionnalisme.

« Non seulement il a été joueur, mais il a dirigé l’un des meilleurs clubs du pays, avec lequel il a gagné beaucoup de titres. Il a eu des résultats, il a des idées sur le football, notamment en matière de formation », explique le Français Alain Michel, qui a entraîné de nombreux clubs algériens (JS Saoura, MC Alger, CR Bélouizdad, JSM Bejaïa, NA Hussein-Dey).

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« Serrar n’est pas un mauvais gestionnaire. Il est roublard et, par rapport à de nombreux présidents de clubs, il connaît le foot. Il est assez cash, mais il a grandi avec le système. Il connaît tous les maux du foot algérien, comme les matchs achetés, le système des transferts de joueurs…. Ce n’est pas vraiment un homme neuf », précise l’agent de plusieurs joueurs et entraîneurs.

Si Abdelhakim Serrar est perçu comme un outsider, c’est aussi – et surtout – parce que Djahid Zefizef est très proche de Djamel Belmadi. Le sélectionneur algérien entretient d’excellentes relations avec le manager des équipes nationales, et le technicien n’a jamais caché sa volonté de travailler avec un président dont il est proche. Ce fut le cas avec Zetchi, beaucoup moins avec Amara.

« Et comme Belmadi est perçu comme le vrai patron du foot algérien, autant vous dire que son soutien – même officieux – à Zefizef, risque d’être décisif », conclut notre agent.