Économie

Nigeria : la délicate équation de la rente pétrolière

Détournement de la production, subventions écrasantes, poids de la dette… Pourquoi le plus grand producteur de pétrole d’Afrique ne profite pas de la hausse des prix du pétrole provoquée par le conflit en Ukraine.

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Mis à jour le 3 juillet 2022 à 16:14

Un membre de la task force sur le soutage illégal de pétrole brut et le raffinage artisanal participe à la destruction du camp de Bakana, dans l’État de Rivers, le 28 janvier 2022. © REUTERS/Afolabi Sotunde

Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine le 24 février, les prix du pétrole se sont envolés. Depuis début mars, le Brent se négocie à 108 dollars le baril en moyenne. Pour les économies qui reposent sur la rente pétrolière, c’est l’occasion rêvée de se remettre des pertes énormes subies au plus fort de la pandémie de Covid-19, lorsque le baril plafonnait à 23 dollars. Or rien ne s’est passé comme prévu pour le Nigeria. Bien au contraire.

>> À lire sur The Africa Report – Russia/Ukraine: Nigeria records over $5.6bn revenue shortfall despite rising oil prices

La plus grande économie d’Afrique ne parvient pas à atteindre le quota de production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) fixé à 1,718 million de barils/jour. Pire, le pays enregistre le déficit le plus élevé de tous les pays producteurs de pétrole dans le monde : pour la période allant de mars à mai, il s’élève à à 5,6 milliards de dollars.

Sabotage d’infrastructures

Les experts imputent l’incapacité du Nigeria à respecter les quotas de l’Opep à la destruction d’infrastructures pétrolières essentielles, notamment des oléoducs dans le riche delta du Niger, où un programme d’amnistie a été mis en place avec les militants qui protestaient contre la pollution et l’exploitation de l’environnement. Malgré cela, le pays a continué à enregistrer des pertes. Selon la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC), les vols de pétrole sont directement responsables de la perte d’un milliard de dollars entre janvier et mars. La Nigerian National Petroleum Company confirme que le pays perd en moyenne 200 000 barils de brut par jour à cause du sabotage.