Sénégal : Macky Sall visé par Olivier Faure, le chef du PS français

En évoquant le sort de certains opposants incarcérés au Sénégal, Olivier Faure a suscité des réactions « anticolonialistes » du parti présidentiel sénégalais.

 © Damien Glez

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Publié le 27 juin 2022 Lecture : 2 minutes.

Spécialiste, depuis le début de sa carrière, des questions d’opinion politique franco-française, l’actuel premier secrétaire du Parti socialiste n’a sans doute pas mesuré les vagues d’indignation suscitées, ces derniers mois, par les analyses hexagonales abruptes des situations nationales africaines. De fait, devant Twitter, samedi soir, Olivier Faure n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, lorsqu’il a entrepris de commenter la situation sénégalaise

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« La démocratie sénégalaise est piétinée » : sur le réseau de la concision et du buzz, le politicien français ne mâche pas ses mots, précisant que « la liberté de manifester est entravée » et « la justice instrumentalisée » au pays de la Teranga. L’objet de son courroux est la détention, notamment pour rassemblement illicite, des députés Déthié Fall, Mame Diarra Fam, Bara Dolly Mbacké et du maire Ameth Aïdara qui, selon les termes catégoriques de son tweet, « doivent être libérés ». Cerise sur le gâteau de l’ingérence, il conclut son post par un #Stop_Macky_Sall.

Réflexes paternalistes ?

Dès dimanche, des responsables de la majorité sénégalaise réagissent, embouchant évidemment la trompette anticolonialiste qui sied d’habitude aux socialistes. Pour le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, Olivier Faure a cédé aux « réflexes paternalistes de donneurs de leçons », qui surgissent inéluctablement lorsqu’il s’agit de commenter la situation « d’un pays anciennement colonisé ». Le porte-parole de la coalition présidentielle Benno Book Yaakar, Papa Mahaw Diouf, enfonce le clou en évoquant un « néocolonialisme mental ». Le président du groupe parlementaire de la majorité, Aymerou Gningue, entend quant à lui saisir le groupe parlementaire d’amitié France-Sénégal.

Certes, Olivier Faure a besoin de se distraire avec de l’actualité internationale. Depuis son adhésion au Parti socialiste français, le score du PS à l’élection présidentielle a été divisé par 30 –1,75% des voix pour Anne Hidalgo en 2022 contre 51,76 % pour François Mitterrand en 1981– et le nombre des députés par 10 – 28 actuellement contre 285 au début des années 80. Le premier secrétaire a donc tenté une envolée lyrique digne de l’époque de l’Internationale socialiste conquérante. Même s’il est le fils d’un membre du Parti socialiste sénégalais, le président Macky Sall fait plutôt figure de libéral bon teint, ce qui permet à Olivier Faure de supposer ses opposants dans le camp idéologique de gauche…

La convocation exclusive du néocolonialisme dans les réactions de la majorité sénégalaise, après le tweet de samedi, constitue-t-elle une réponse un peu courte, voire un écran de fumée ? En n’entrant pas dans le fond du dossier évoqué, les membres de l’exécutif sénégalais auront beau jeu d’invoquer la séparation des pouvoirs. Et Olivier Faure de lire quelques tweets sénégalais chaleureux en réponse au sien comme : « merci de parler de ce qui se passe au Sénégal. Sous la protection de Macron, Macky « Sale » se croit tout puissant »…

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