Félix Tshisekedi n’entend pas rester sans rien faire. Alors qu’une crise ouverte l’oppose à son voisin rwandais, qu’il accuse de soutenir les rebelles du M23 dans l’Est, le chef de l’État congolais s’active pour obtenir le soutien du Congrès américain et de l’administration Biden. Son objectif ? Pousser les États-Unis à reconnaître le M23 comme un groupe terroriste, obtenir l’ouverture d’une enquête sur le rôle supposé du Rwanda et faire pression pour que Washington renforce son action diplomatique dans les Grands Lacs. La stratégie, en trois axes, est simple. Reste à voir si elle sera efficace.
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De fait, sur le terrain, la situation s’est considérablement tendue. La ville de Bunagana, dans le Nord-Kivu, est depuis la mi-juin sous le contrôle de la rébellion. Un soldat congolais a été tué après avoir pénétré au Rwanda et ouvert le feu sur des militaires rwandais. La RDC a convoqué l’ambassadeur rwandais en poste à Kinshasa et suspendu les vols RwandAir en provenance et à destination de son territoire, multipliant les accusations publiques. De son côté, Kigali a plusieurs fois démenti apporter un quelconque appui au M23 et reproche à son voisin son soutien présumé aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Des lobbyistes à la rescousse
À Washington, le discours est pour l’instant très mesuré. Les États-Unis ont fait part de leur inquiétude à propos d’une éventuelle implication du Rwanda, mais ils n’ont pris aucune mesure punitive. « Nous sommes très préoccupés par les informations faisant état de violences transfrontalières entre la RDC et le Rwanda, et par les tensions croissantes entre ces deux pays, s’est contenté de déclarer Ned Price, porte-parole du département d’État, lors d’un point presse. Et nous sommes très préoccupés par les informations selon lesquelles des militaires rwandais participeraient à ces combats. »
Le gouvernement congolais, qui s’offre depuis mars les services d’influents cabinets de lobbying, dont Ballard Partners (75 000 dollars par mois) et Scribe Strategies and Advisors (50 000 dollars par mois), multiplie les démarches pour attirer l’attention des élus américains, qu’ils siègent à la chambre des représentants ou au Sénat.