Commencée après la révolution, la dépréciation du dinar tunisien s’est accélérée en 2013, avec un recul de 9,4 % par rapport à l’euro et de 6 % par rapport au dollar. Si la situation est plus dégradée vis-à-vis de l’euro, cela tient à l’importance des échanges entre la Tunisie et l’Union européenne (73 % des importations et des exportations).
L’instabilité politique du pays (marqué par l’assassinat de deux hommes politiques et plus de deux mois de blocage de l’Assemblée constituante) fait fuir les investisseurs et les touristes européens et pousse les entreprises à verser de généreux dividendes en devises étrangères à leurs actionnaires. À cela s’ajoute un déficit commercial (les importations dépassent les exportations) de 958 millions de dinars (environ 422 millions d’euros) par mois, un niveau inquiétant, selon la Banque centrale.
Gouvernement de technocrates
Depuis que Mehdi Jomâa a été nommé Premier ministre, le 14 décembre, le dinar a amorcé un léger rebond. La formation prochaine d’un gouvernement de technocrates pour poursuivre la transition devrait en outre permettre le déblocage d’une nouvelle tranche de crédit du Fonds monétaire international (FMI). Une réserve de devises avec laquelle la Banque centrale pourra intervenir sur le marché monétaire pour soutenir le dinar.
La sortie de crise amorcée par les pays européens constitue une autre bonne nouvelle pour la Tunisie, qui pourrait voir un accroissement des commandes auprès de ses entreprises manufacturières. Mais un véritable redressement du cours du dinar n’est envisageable qu’avec une nette amélioration de la situation économique nationale. Comme en 2013, la croissance du PIB tunisien devrait malheureusement rester trop faible (3,7 %, selon le FMI) pour envisager un tel scénario en 2014. »